Jacques-André découvre qu’il est cocu de plusieurs manières

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Humour / Jacques-André découvre qu’il est cocu de plusieurs manières

Édition du 2 septembre 2022

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Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// L’infidélité de Nadège plonge Jacques-André dans le désespoir. Du coup, même ses convictions politiques s’en trouvent ébranlées. Comment va-t-il surmonter cette crise tout à la fois idéologique et conjugale? En votant comme la droite? En étudiant le Kamasutra? Il n’est décidément pas facile de rester un homme de gauche quand votre femme vous trompe avec un racisé.

Jacques-André Schinken est professeur d’histoire-géographie, il vote socialiste, il a 56 ans. Nadège Pochon est psychologue, elle vote Vert Libéral, elle a 55 ans. Ils ont deux enfants, Simon-Pierre, 21 ans, étudiant en droit, et Prune, 19 ans, artiste.

Nadège me trompe, il y a des signes qui ne laissent aucun doute. Elle passe toutes ses soirées en visioconférence avec Saint-Domingue. Je suis certain qu’elle a couché avec ce Pedro qu’elle fait passer pour un étudiant en science de l’environnement. Elle prend des cours intensifs d’espagnol, et même moi qui maîtrise peu la langue de Cervantès, je sais bien que quiero follarte n’a rien à voir avec l’écologie, même si le sexe en érection de Pedro ressemble à un champignon.

Du coup, je doute de tout, même du socialisme. Cette votation concernant l’AVS, par exemple, je crois bien que je vais voter oui. Si nos femmes peuvent prendre de jeunes amants, pourquoi ne travailleraient-elles pas aussi longtemps que nous? Elles voudraient le droit à la jouissance et en plus celui de partir à la retraite un an avant tout le monde? Pour faire quoi? Batifoler avec des Pedro? Est-ce pour ça que j’ai milité toute ma vie? J’ai envie de pleurer…

Je suis bien déçu par les mesures prises par le Conseil fédéral en matière d’économies d’énergie. C’est bien beau de baisser le chauffage ou de mettre un couvercle sur les casseroles, mais ça ne suffit pas. Il faut interdire les visioconférences. Du coup, Nadège ne pourra plus se dévergonder à distance avec son gigolo. Elle ferait mieux de s’occuper de la variole de Simon-Pierre, de la détresse psychologique de Prune et de mes besoins affectifs.

«Oui, Pedro est mon amant. Il m’a fait jouir comme jamais tu n’y parviendras!» Un gouffre s’ouvre sous mes pieds, j’y sombre avec en tête des images de Nadège se livrant au stupre et à la fornication en compagnie d’un homme de couleur. Je suis socialiste, pourquoi faut-il que cela m’arrive à moi. Vais-je parvenir à combattre l’acide raciste qui me ronge l’estomac? Des images de moutons noirs m’obsèdent, la douleur va-t-elle faire de moi un UDC?

Heureusement que Prune est là, elle sait trouver les mots pour me consoler. «Dis-toi que tu fais un don pour aider les pays en voie de développement.» Jean-Michel a lui aussi tenté de me soutenir moralement: «Ma sœur te trompe? Je pensais pourtant qu’elle s’était assagie avec l’âge… De toute manière, en tant que social-démocrate, tu as l’habitude d’être cocu, non?» Simon-Pierre, lui, est parti se gratter et bouder dans sa chambre quand j’ai précisé que l’amant de sa mère s’appelait Pedro.

Il faut que je me reprenne en main et que je tente de reconquérir Nadège. Je voterai non au relèvement de l’âge de la retraite des femmes le 25 septembre. Ensuite, je vais demander à une camarade de parti sexologue comment faire jouir les femmes.