Média indocile – nouvelle formule

«De tout, il resta trois choses: la certitude que tout était en train de commencer, la certitude qu’il fallait continuer, la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé. Faire de l’interruption un nouveau chemin, faire de la chute un pas de danse, faire de la peur un escalier,
du rêve un pont, de la recherche… une rencontre.»

Fernando Pessoa in Poèmes jamais assemblés d’Alberto Caeiro

# 28 mars 2025

semaine n°13

Actuel

Psyché et géopolitique

Jacques Pilet

Le célèbre Emmanuel Todd, auteur de «La défaite de l’Occident» paru l’année dernière chez Gallimard et traduit en 23 langues, analyse le monde en démographe, en historien, en raisonneur. L’autre jour il disait cependant sa perplexité devant la fièvre belliciste qui se manifeste en Europe. Il se demandait s’il ne faudrait pas trouver une autre approche: la géopsychiatrie. Comprendre ce qui se passe dans la tête des dirigeants. Pas sot.

L’histoire est certes déterminée par des rapports de force économiques, politiques, idéologiques, militaires. Mais comment ne pas voir que le profil psychologique des principaux acteurs a aussi un rôle, parfois déterminant. Pensons à Napoléon, à Hitler, à Churchill, à de Gaulle… Pour le pire et le meilleur, parfois réunis, leur tempérament, pour ne pas dire leur instinct, a largement contribué au cours des évènements.  Et si l’on esquissait le profil psychologique des décideurs d’aujourd’hui qui agissent aux premières lignes de la tourmente? Sans s’arrêter à ce qui nous plaît ou pas dans leur politique. Le spécimen le plus frappant à cet égard, c’est évidemment Donald Trump. Un ego surdimensionné? Là, il n’est pas le seul dans cette cour des grands. Mais il pousse le narcissisme à des extrêmes phénoménales. Emporté, colérique, sans cesse dans l’autoglorification absolue. Peu d’empathie: il intimide ses interlocuteurs plus qu’il n’essaie de les convaincre. Il attend de tous l’admiration et l’adhésion mais ne les écoute guère. Trait renforcé par son origine sociale: son seul monde est celui de l’argent. Ce qui porte peu à l’empathie avec le commun des mortels. Autre trait, l’impatience. Il n’a pas le souffle d’un battant au long cours. Il martèle ses volontés mais se montre capable de virevoltes, de renoncer à telle priorité proclamée, à en changer mine de rien. Pas une tête faite pour les guerres qui se prolongent, peu tournée vers l’examen approfondi et serein des situations actuelles ou prévisibles. Il a l’intellectualisme en détestation. D’où celle qu’il voue aux Européens avec leur ribambelle de langues et leurs penchants gauchisants. Mais sa puissance émotionnelle et rhétorique le sert face à son électorat. Sur ce terrain, il s’accrochera. Tout cela dit avec précautions car il peut encore surprendre. Et il adore le faire. Lire la suite...


Le dessin de la semaine

« Les ventes de Tesla divisées par deux en Europe »

Un dessin Valott

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