Actuel / Credit Suisse: «Le plus grand libre-service du monde bancaire»
Dans un livre paru en 2023, le journaliste économique alémanique Dirk Schütz avait brillement analysé ce qui a fait chuté la grande banque suisse: le versement de bonus disproportionnés.
Article publié sur Infosperber le 16 juin 2025, traduit et adapté par Bon pour la tête
Les responsables politiques suisses se disputent aujourd’hui avec la direction de l'UBS au sujet du ratio de fonds propres qui devrait garantir une certaine sécurité à la dernière grande banque du pays en ces temps difficiles. Sous la houlette de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter, le Conseil fédéral exige plus de 20 milliards de fonds propres supplémentaires, tandis que la direction de l'UBS, le PDG Sergio Ermotti et le président du conseil d'administration Colm Kelleher, se lamentent et «font pression de manière insistante» pour s'y opposer (BPLT, 13 juin 2025).
Des livres comme Game over de Arthur Rutishauser (Editions Orell Füsseli) ou Melt down de Duncan Mavin (Editions MC Milan Libri) permettent au grand public de découvrir pourquoi Credit Suisse, qui était la deuxième banque suisse, a récemment dû mettre la clé sous la porte. Dirk Schütz, journaliste économique et rédacteur en chef du magazine Bilanz, avait quant à lui déjà brillement analysé la situation, avec une profondeur historique, en 2023 dans son livre Zu hart am Wind (Editions Orell Füsseli). Selon lui, les banquiers du CS n'auraient eu qu'un seul objectif en tête: le paradis des bonus.
Dirk Schütz a calculé le bénéfice total réalisé par la banque au cours des quinze années qui ont suivi la crise financière et le montant des bonus versés durant cette période. Le résultat de son calcul est présenté dans les dernières lignes de son livre: «Après toutes les pertes et les amendes, il ne restait plus que 800 millions de francs suisses, soit moins que ce qu'UBS a annoncé au premier trimestre 2023. Et combien a-t-elle versé au total en primes pendant cette période? Plus de 40 milliards de francs suisses, soit cinquante fois plus.»
Et voilà ce qu’écrit Dirk Schütz en conclusion: «Credit Suisse était le plus grand libre-service du monde bancaire.»
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@NTNP02 20.06.2025 | 21h23
«Cela fait vraiment réfléchir.»
@von 23.06.2025 | 00h55
«Cela ne m'étonne pas.
Je me souviens avoir vu à la télé un Américain directeur du CS, devant les caméras de la commission d'enquête du Sénat US, la main sur le coeur et le visage rayonnant d'honnêteté, répondre au sénateur qui l'interrogeait "Je ne savais rien. Ce devait être un subalterne qui avait fait du zèle". Et là, je me suis posé la question "Mon coco, à qui va ta loyauté? A la Suisse qui t'a engraissé pendant des années ou à ton pays d'origine dans lequel tu vas passer ta retraite?".
Une autre question aussi. Le CS perdait tous ses procès contre le fisc américain et devait lui payer des amendes monstrueuses. Comment était-ce possible? Hypothèse: le dit fisc savait tout des petits secrets de la banque, tout simplement parce qu'il avait accès à ses mails. Le livre "Mémoires vives" d'Edward Snowden donne quelques pistes à cet égard. Sans même parler du système de transactions interbancaires Swift dans lequel le gouvernement US lit à livre ouvert depuis le Patriot Act de 2001.
Il y avait aussi les service croisés que se rendaient les services secrets américains et israéliens. Les premiers parce qu'ils ne pouvaient pas, constitutionnellement, espionner leurs propres citoyens alors que les seconds pouvaient le faire pour eux. Cette habilité à espionner n'importe-quel appareil connecté à Internet pourrait éventuellement expliquer certaines servilités de certains très hauts placés, incompréhensibles autrement.
En ces temps où la Confédération désire ardemment convaincre tous les citoyens suisses d'adopter sa signature numérique, peut-être devrait-on se poser la question de la confidentialité des connexions internet. C'est un peu comme avec l'Union Européenne, lorsqu'un système impose une hiérarchie verticale connue de tous et adoptées par 450 millions de citoyens, il devient rentable de le pénétrer et de le corrompre. Avec une montagne de fric à disposition, il devient facile de dénicher quelqu'un pour le faire.
"On ne devrait jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier" dit-on, et pourtant c'est ce qu'on fait avec Internet. On peut s'y envoyer des messages, passer des commandes, effectuer des transactions bancaires, y téléphoner, regarder la TV, voter, élire ses représentants, et tout cela espionnable depuis n'importe-quel endroit du monde pour peu qu'on dispose d'une connexion Internet et d'un logiciel en libre service sur le Net.
Et le pire de tout, parce que c'est militaire, c'est qu'un pays achète des F-35, des drones et des système de télécommunication cryptés aux pays qui conçoivent ces logiciels espions! Comment ne pas imaginer que ces dit pays ne s'y laissent pas des portes dérobées leur donnant la capacité de tout savoir, voire même d'en prendre les commandes? Rappelez-vous l'affaire Crypto ou le virus Stuxnet!
Tout cela pourrait expliquer la facilité avec laquelle certains hauts placés se sont gavés de bonus au CS.
»
@Deuborch 23.06.2025 | 05h54
«Les différents dirigeants de Credit Suisse, « qui s’en sont mis plein les poches » n’ont jamais été condamnés. Ils vivent grâcement en toute discrétion et impunité.»