Lu ailleurs / Les croisés suisses de Netanyahou
Le journal en ligne «Republik» accuse Ignazio Cassis et révèle les méthodes des chrétiens évangéliques suisses qui défendent ardemment le gouvernement israélien.
Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), dont il est rappelé la retenue sur la situation à Gaza, est épinglé pour ce qu’il a dit au TJ romand: «Les deux parties refusent l’accès humanitaire à Gaza.» Or rien n’indique que le Hamas empêche ces distributions. Et à propos des personnes tuées lorsqu’elles tentaient d’accéder aux vivres: «N’oublions pas: toute guerre est aussi une guerre d’information. Qui est responsable de ces tirs? Nous ne le saurons jamais.» Le média Republik s’indigne de ces propos: «C’est une déclaration scandaleuse de la part d’un conseiller fédéral, car il exclut d’emblée que quelqu’un puisse être tenu pour responsable.»
L’auteur de l’article, Timo Kollbrunner, évoque aussi les «tireurs de ficelles» de la propagande israélienne: les «croisés suisses de Netanyahou», évangéliques très engagés dans cette cause. Comme Hanspeter Büchi, banquier retraité zurichois, qui s’active sur les réseaux, dans les courriers de lecteurs, convaincu du droit d’Israël à annexer la «Judée-Samarie» toute entière, pourfendant les opinions propalestiniennes. Le journaliste bâlois David Klein n’est pas moins actif dans le même sens. Tous deux harcèlent le DFAE (21 demandes depuis 2023!) pour exiger que la Suisse reconnaisse le droit de l’Etat juif à annexer la Cisjordanie. Büchi, vieux monsieur fort cultivé, aime citer le livre de Zacharie dans la Bible hébraïque: «Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre de fondation pour tous les peuples; tous ceux qui voudront la soulever seront blessés.» Sa vision est manichéenne: d’un côté ceux qui sont comme lui, de l’autres les «conducteurs fantômes» qui ne veulent pas «se laisser troubler par les faits». A noter que Büchi a ses entrées au DFAE, il est secrétaire du groupe d’amitié Suisse-Israël dont les statuts précisent: «Le groupe représente les positions israéliennes dans les domaines de la politique, de l’économie et de la culture.» Le sentiment anti-israélien, l’ONU «qui condamne Israël de manière très partiale» sont pour lui des «signes de la fin des temps».
Büchi n’est par ailleurs pas seul hors du milieu évangélique. Il est proche, entre autres, du conseiller national UDC Alfred Heer qui considère Israël comme une «démocratie dans un océan de despotisme» et du conseiller national de l’Union démocratique fédérale Erich Vontobel, grand pourfendeur de l’UNRWA, comme son collègue UDC David Zuberbühler. La liste est longue.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@von 01.08.2025 | 13h19
«"Le groupe représente les positions israéliennes dans les domaines de la politique, de l’économie et de la culture."
Et les positions de leur pays, la Suisse, alors, cela ne compte pas? Chacun est libre de ses opinions, sauf que ces parlementaires-là ont été élus par des Suisses, pour défendre les intérêts de la Suisse, pas ceux d'un pays moyen-oriental. C'est du moins ce à quoi s'attendaient leurs électeurs. Il faudra en tenir compte lors des prochaines élections!
Parce que si on examine ce qu'ils ont fait passer ces derniers temps, on constate que ce sont des auto-goals pour la Suisse. Vouloir supprimer le budget de l'UNRWA, office de l'ONU chargé d'aider les réfugiés palestiniens, quelle erreur! De quoi a l'air la Suisse maintenant, elle qui est la gardienne de la charte des droits humains? De quoi a l'air la neutralité de la Suisse, elle qui défend maintenant le plus fort au détriment du plus faible? De quoi a-t-elle l'air, elle qui discrédite ainsi un de ses citoyens qui est directeur de l'UNRWA?
Même chose pour l'interdiction du Hamas, qui déséquilibre notre neutralité et nous interdit de lui parler et donc de proposer nos bons offices aux deux parties en conflit. Qu'a fait de mal le Hamas dans notre pays? Rien! Pourquoi donc vouloir l'interdire sinon pour obéir à la propagande israélienne?
Quant-aux Chrétiens évangéliques qui défendent becs et ongles la politique israélienne, se rendent-ils compte du mal qu'ils font aux Palestiniens? Est-ce cela la compassion chrétienne? Etre complice des massacres de Gaza et de Cisjordanie? Comment ces Chrétiens-là interprètent-ils le "Tu ne tueras point" des 10 Commandements de la Bible?
"Ce qu'on a coutume d'appeler la politique n'est que le catéchisme de la combine et du maquignonnage" (François Mitterrand)
La Suisse a maintenant une occasion unique de se racheter aux yeux du monde et de son peuple: en approuvant la création de l'Etat palestinien.
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