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A vif / La Suisse ne dit pas non aux armes nucléaires


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Hiroshima, qui commémorait le 6 août les 80 ans de la bombe atomique, appelle le monde à abandonner les armes nucléaires. Mais les Etats sont de moins en moins enclins à y renoncer.



Il y a des anniversaires historiques célébrés à grand tapage, tel celui du débarquement de Normandie, avec nombre de sommités choisies. D’autres plus discrets. Le maire de Hiroshima, Kazumi Matsui, s’est senti bien seul lors de la cérémonie marquant les 80 ans du bombardement de sa ville et de Nagasaki. Plus de deux cent mille morts. Aucun chef d’Etat étranger. Plusieurs dizaines de pays ont certes envoyé leurs ambassadeurs, mais les messages de la plupart d’entre eux déçoivent. En substance: «Non, non, on n’oublie pas la tragédie, mais n’insistez plus sur la nécessité du traité contre la prolifération des armes nucléaires…»

En novembre 2017, l’assemblée de l’ONU a adopté le principe d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 122 pays ont dit oui, un a dit non (les Pays-Bas!), un s’est abstenu (Singapour) et les autres n’ont tout simplement pas participé à cette séance. Dont la Suisse qui d’ailleurs continue de bouder la démarche. Le texte devait théoriquement entrer en vigueur en 2021. Mais à cette date seuls 87 Etats l’avaient signé (93 aujourd’hui).

La menace nucléaire persiste

Les neuf Etats détenteurs de la bombe et leurs alliés ont fait campagne contre le traité. Avec d’autant plus de succès que certains pays ambitionnent de l’avoir un jour, ou au moins des armes nucléaires dites tactiques. Le passage du Traité qui mentionne aussi l’interdiction de menacer un ennemi de la bombe atomique a particulièrement irrité les Etats-Unis. Comme Trump vient de le faire face à la Russie, sa façon de taper sur la table, c’est envoyer un sous-marin nucléaire à la frontière du rival!

Le maire de Hiroshima est amer surtout en raison du refus du gouvernement japonais de signer le texte. Sous prétexte de la nécessité de se placer sous la protection américaine face à la Corée du Nord et à la Chine. Celle-ci considère que la démarche est louable en soi mais qu’elle sert à faire oublier les atrocités commises pendant la guerre par les Japonais chez elle, au Vietnam et dans le voisinage.

Et les raisons de la Suisse?

Elle dit craindre que «signer le TIAN ne fragilise ses relations avec ses partenaires européens et les puissances nucléaires, et complique son engagement diplomatique pour le désarmement en restant un pont entre États dotés et non dotés». Elle ajoute «qu’adopter le TIAN pourrait affaiblir la posture de protection de la Suisse en cas de crise, même si la Suisse n’est pas membre de l’OTAN.» 

Ou se souvient-elle que dans les années 50-60, un plan secret avait été mis en œuvre pour la production de bombes nucléaire? L’idée n’a été vraiment abandonnée qu’en 1969 après que le réacteur expérimental ait fondu dans le souterrain de Lucens (VD). La région n’a pas passé loin de la catastrophe. 

Aujourd’hui c’est plus simple, il suffit de rester dans le sillage américain. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@von 08.08.2025 | 15h25

«C'est intéressant que cet anniversaire arrive en même temps que le coup bas de Trump. D'abord cela nous rappelle qu'en 1961, nos militaires souhaitaient en secret doter la Suisse de la bombe atomique. De sacrés farceurs ces militaires! Peu s'en souviennent, mais c'est en Suisse que le premier accident atomique majeur a eu lieu:
http://www.haut-parleur.ch/actualite/openheimer/default_centrales.htm

La Suisse n'a pas signé le Traité d’interdiction des armes nucléaires. Après l'accident de sa centrale de Lucens, les militaires avaient pris conscience que c'était râpé pour l'arme atomique. Par contre, ils voulaient faire plaisir aux USA et ne pas les contredire dans leur opposition au traité. Toujours est-il que nous pourrions maintenant le signer ce traité, et de ce fait, participer à la pacification du monde.

D'une part parce que les va-t-en guerres actuels remettent la menace atomique sur le tapis, ce qui n'est pas bon pour le futur de l'humanité. A force de développer des armes de plus en plus puissantes et sophistiquées, c'est une certitude qu'un jour ou l'autre, ces armes anéantiront toute vie sur terre. La petite Suisse, gentille, proprette et neutre, va-t-elle continuer à être complice de ce monumental gâchis?

Arrêter de consacrer des ressources au développement des bombes atomiques! Vous rendez-vous compte des milliards que nous pourrions alors consacrer à éradiquer la faim dans le monde et à combattre la dérive climatique qui est en train de brûler les forêts et de faire descendre les montagnes?

De toute façon nous ne sommes plus les amis des Américains puisqu'ils veulent nous mettre en difficulté avec leur taxe de 39%. Dès lors pourquoi vouloir encore leur faire plaisir? Nous pourrions donc dire à son président: "Cher Donald, désolé mais nous allons maintenant signer le TIAN. Nous avons changé d'avis, ce sera finalement mieux pour l'humanité"...

On ne le lui dira pas, mais qu'avons-vous à gagner à "faire plaisir" à l'oncle Sam (pardon, "l'oncle Don") puisqu'il nous traite comme des pestiférés? Ca fait un moment que ce pays nous veut du mal. Déjà avec le démantèlement de notre secret bancaire (les USA ont gardé le leur, eux), puis avec les misères qu'il a faites à nos banques (les milliards d'amendes) et maintenant avec cette taxe inique de 39%.

Je crois que le peuple suisse commence à ouvrir les yeux. J'en ai vu un signe tangible hier au Léman Centre à Crissier. Un magasin avait affiché dans sa vitrine "Soldes" au lieu de l'habituel "Sales". J'en aurais pleuré de joie!...
»


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