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Culture / A-t-on envie que ça se passe comme ça?


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«Echos», Kristín Eiríksdóttir, Les Editions Noir sur Blanc, 432 pages.



«On pourrait aussi interpréter le film différemment, la mort de cet homme représentant la mort de notre écosystème.» Villa présente son premier film documentaire, consacré à un jeune homme marginal et tourmenté qui travaille sur un baleinier. «Jon rejette cette idée, affirmant que la mort d’une baleine ne peut représenter dans l’esprit humain que la mort d’un homme. Que les gens ne voient que leur propre reflet dans tout, et que c’est un véritable enfer. Que nous finirons tous par brûler dans cet enfer.» Villa est une femme qui se débat, notamment avec l’alcoolisme. Comme l’indique son titre, le livre de la poétesse et écrivaine islandaise Kristín Eiríksdóttir parle de vies se faisant écho, celles des protagonistes que ce récit réunit de différentes manières. C’est une invitation à voir au-delà de nous-mêmes, à admettre que nos destins sont liés, que même lorsqu’on pense s’isoler, la mort d’une baleine, par exemple, fait toujours partie de notre réalité. Ça peut faire peur, bien sûr, plonger dans le désarroi, mais il faut bien s’y coltiner, à cette existence collective. «Il n’y a que les gens chanceux pour croire en l’existence du libre arbitre. Mes ancêtres russes ont tous fini morts étouffés par l’amiante, par la vodka de contrebande ou par le malheur. Les Islandais, eux, se noyaient quand la faim ou l’alcool n’en venaient pas à bout. Ma mère est à l’asile en Russie et Papa vit sur un banc de la place Ingolfstorg, incapable de se rappeler son propre prénom. Et me voilà dans un abri souterrain avec toi. Tu crois franchement qu’on a envie que ça se passe comme ça?» Cette question que pose Dimmi, le jeune chasseur de baleine, nous pourrions nous la poser tous les matins, encore et encore, jusqu’à, non pas trouver une réponse, mais être en mesure de passer enfin à une autre question.

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