A vif / Combines entre médias
Un accord conclu entre la SSR et l’association des éditeurs suisses impose à ces derniers de positionner leurs titres contre l’initiative voulant ramener la redevance à 200 francs. Est-ce à dire que l’on peut acheter la faveur des journaux?
C’est un bien curieux accord qu’ont conclu la SSR, la Société suisse de radiodiffusion et télévision, et l’association des éditeurs suisses (VSM Veband Schweizer Medien). Ceux-ci se plaignent depuis belle lurette d’une concurrence déloyale du service public sur le terrain du Net. Ils souhaitent que l’information passe plutôt sur les plateformes de leurs journaux. La directrice de la SSR, Susanne Wille, les a entendus. Au nom de «la diversité et la viabilité du paysage médiatique suisse». Les textes diffusés par la SSR (à l’exception de l’excellent Swissinfo à destination de l’étranger) seront plus brefs (2400 signes au maximum) et réservés à l’actualité. La publicité sur ses vidéos sera restreinte. Ses propres accroches de marketing réservées aux sites des médias privés. Les entreprises de presse, même celles, comme Tamedia ou Le Temps, qui n’étaient pas partie à l’accord, peuvent se réjouir de ces faveurs. Ces messieurs-dames se sont aussi mis d’accord sur l’IA. La SSR et la VSM adopteront une position coordonnée concernant la protection des contenus journalistiques face à l’intelligence artificielle. La SSR est prête à bloquer l’exploitation de ses contenus par les systèmes d’IA si les principaux éditeurs font de même. Cela ne mange pas de foin.
Sauf que de son côté, en contrepartie, l’association des éditeurs fait également une fleur à la SSR: leurs titres devront se positionner contre l’initiative voulant ramener la redevance à 200 francs. Cet engagement a fait tousser dans les rédactions et certains de leurs patrons ont tenté, dès le lendemain, de rétropédaler mollement. A noter que l’accord, valable jusqu’à fin 2028, sera alors soumis à l’examen de la COMCO, la Commission de la concurrence, pour vérifier sa conformité au droit des cartels.
Susanne Wille, la nouvelle directrice générale de la SSR, n’a pourtant guère de craintes à avoir. Par conviction ou opportunisme, les médias privés seront plutôt du côté de la proposition du Conseil fédéral.
Est-ce à dire que l’on peut acheter la faveur des journaux? Les pharmas, par exemple, pourraient-ils faire quelques cadeaux aux journaux pour s’assurer qu’ils n’accueilleront pas de points de vue critiques à leur endroit? Espérons que ce n’est pas les cas, mais la question mérite d’être posée.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@markefrem 30.05.2025 | 12h39
«On peut certes s'offusquer de ces connivences. Reste que la SSR est absolument nécessaire à notre cohésion, en plus qu'elle offre quantité d'émissions d'excellente qualité, ce que nombre de vulgum pecus n'est pas à même d'apprécier hélas.... Combattre le nivellement par le bas n'est-il pas un des buts de BONPOURLATETE ???»