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Analyse / La subversion du droit devient un problème


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Que faire quand le droit devient courbe et n’est plus droit? Depuis une quinzaine d’années, il existe une tendance lourde à tordre le droit, droit international public, droit des affaires et droit supérieur des Etats nationaux, en faveur d’intérêts qui n’ont plus rien à voir avec la justice et l’équité.



Comme le poisson, le droit pourrit par la tête, par le haut. Les exemples pullulent.

Prenons le cas de la Cour pénale internationale. En quelques mois d’instruction à peine, elle a inculpé Vladimir Poutine pour crime contre l’humanité. Soit. Mais quelle crédibilité a-t-elle quand on sait que son président est un Polonais et son procureur un Britannique, tous deux russophobes acharnés? Que l’ancienne procureure Fathi Bensouda a été sanctionnée par Washington parce qu’elle avait voulu enquêter sur les crimes de guerre américains en Afghanistan? Que l’actuel procureur a classé sans suite les plaintes documentées contre les paramilitaires et les gouvernements d’extrême-droite colombiens? Enfin l’ANC, parti majoritaire au parlement sud-africain, a exigé que l’Afrique du Sud se retire de cette cour si peu impartiale, avant de rétropédaler. Signes avant-coureurs d’une débâcle judiciaire?

La Cour européenne des droits de l’Homme connait les mêmes dérives. Naguère respectée, cette cour est tombée sous l’influence des réseaux Soros qui ont réussi à y faire nommer une vingtaine de juges proches des ONG du milliardaire hungaro-américain, comme l’ont révélé les enquêtes fouillées du magazine Valeurs actuelles, jamais démenties. Elle est désormais acquise aux valeurs wokistes et néolibérales. Depuis trois ans, pétition, résolution parlementaire et création d’un groupe d’experts chargé de «préserver l’indépendance et l’impartialité des juges» ont été décidées, sans résultat, tellement le lobbying a été efficace.

Quant à la Cour suprême américaine, désormais politisée à mort, et au Conseil constitutionnel français, composé de membres issus des pouvoirs en place entièrement dévoués à leur cause, il n’est plus qu’une chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales comme vient de le démontrer sa récente décision sur la loi sur les retraites. Il s’est même permis d’interdire le recours au referendum!

Mais l’indépendance des juges et l’impartialité des tribunaux ne sont pas seules en cause. L’extraterritorialité de certains droits, l’américain en particulier, ainsi que le privilège de la compétence universelle que se sont arrogé certaines juridictions font aussi problème. Ils court-circuitent les droits, et donc les libertés nationales, dans la mesure où ils imposent leurs règles en l’absence de toute décision démocratique. Quand un obscur juge de Caroline du Nord assigne Julian Assange en justice et le fait emprisonner dans une prison de haute sécurité britannique au mépris droit anglais, où est le droit? Quand des tribunaux américains se permettent de condamner des entreprises européennes à des milliards de dollars d’amende pour avoir «abusivement» eu recours au dollar, quand le Congrès impose des sanctions arbitraires et confisque les biens de sociétés ou d’individus de façon illégale puisque non endossées par les Nations Unies, seules pourvoyeuses de droit international, où est le droit? Où est le respect de la propriété privée pourtant garantie par les Constitutions des pays démocratiques, Suisse incluse? Et si n’importe quel tribunal occidental est compétent pour juger un criminel de guerre, cela signifie que n’importe quel tribunal africain, chinois ou russe est compétent pour juger les crimes de guerre commis par les Occidentaux en Irak ou en Serbie. Si le droit d’un Etat particulier est supérieur à l’ensemble du droit international, à quoi sert ce dernier?

Nos pays, qui se vantent pourtant d’être des Etats de droit et des démocraties respectueuses des libertés des citoyens, se révèlent donc, quand on y regarde de près, très enclins à violer leurs propres lois quand la pression étrangère devient trop forte. Alors qu'ils devraient être les premiers à montrer le bon exemple et empêcher que la loi du plus fort ait le dernier mot.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

5 Commentaires

@Zag-Zig 29.04.2023 | 16h21

«Ce qui me paraît désolant dans ce qui ressort de cet article, c'est que des deux côtés du conflit en Ukraine on a oublié ce précepte éminemment occidental : "Ne jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué."

Pourquoi les morts de Verdun devant cette répétition de l'histoire ne sortent-ils pas de leurs tombes pour dire : arrêtez !»


@hermes 30.04.2023 | 18h11

«Derrière ses belles théories sur le « droit qui devient courbe », on sent chez G. Mettan une très forte exaspération à voir Poutine inculpé par la Cour Pénale Internationale. Et, comme tous les admirateurs et défenseurs du voyou Poutine, il tente de justifier les horreurs commises en Ukraine par ce dernier en égrainant toutes les imperfections et dysfonctionnements qui entachent nos démocraties. Eh bien, je dis à G. Mettan qu’il perd son temps à chercher à relativiser les exactions du pouvoir russe en Ukraine et ailleurs et qu’il est temps qu’il nous dise pour qui il travaille ! La défense de nos démocraties, toutes imparfaites soient-elles, est si importante face à des autocraties qui écrasent et abrutissent leurs citoyens qu’il est temps de dire stop aux plaidoyers relativistes des idiots utiles du Kremlin. »


@simone 01.05.2023 | 19h23

«Merci d'aborder ce problème lancinant. Le danger évoqué a toujours existé, mais la globalisation d'une part et la concentration du pouvoir (argent ou dictature) entre les mains de quelques entités le rendent particulièrement difficile à écarter dans le monde actuel.»


@willoft 03.05.2023 | 14h52

«Et vous ne mentionnez pas l'IA.
Tout le monde demande des règles
Mais on voit mal par qui au vu des intérêts en jeu autant que géostratégiques.
Sans parler des mafias avec leurs moyens gigantesques !»


@stef 21.05.2023 | 17h50

«Réponse à Hermes:
Pourquoi vous acharner contre M. Mettan qui livre ici un excellent article ?
Pas besoin d'avoir fait l'Uni pour voir ce qui se passe dans nos démocraties, où l'Etat de droit est foulé au pied par des intérêts "supérieurs", à savoir ceux des multinationales et multimilliardaires.
Les droits à la justice d'un Afghan ne sont-ils pas les mêmes que ceux d'un anglais ?
Les Droits de l'Homme exigent que certaines nations occidentales cessent leurs ingérences dans les affaires des autres nations, et cessent d'écrire les Droits en fonction de leurs intérêts propres !»


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