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Culture / «Raël»: supercherie d’un mal-aimé


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«Raël: le prophète des extraterrestres», Antoine Baldassari et Alexandre Ifi, sur Netflix, 4 épisodes de 45 minutes.



La série documentaire Raël: le prophète des extraterrestres, à peine sortie sur Netflix, fait largement parler d’elle. Elle se décline en quatre épisodes qui racontent à travers des images d’archives et des témoignages d’adeptes, dont celui de Raël lui-même et de Brigitte Boisselier, ou d’anciens adeptes, l’histoire rocambolesque du mouvement raëlien de sa fondation à aujourd’hui. Sans nous attarder sur la haute qualité et de l’enquête et de la réalisation de la série, ni sur l’actualité de ce qui reste aujourd’hui de ce mouvement, entrons dans la psychologie de Claude Vorilhon, alias Raël, à partir de ce que laisse percevoir la série. Claude Vorilhon, né en 1946, a grandi sans père et sans repères. Très jeune, il s’essaie à la chanson, mais il échoue. Il s’adonne à sa passion automobile, en se consacrant au journalisme auto et au pilotage, mais sans succès non plus. Vorilhon est en somme un raté basique, sans doute rongé de frustrations et habité par un désir malsain de réussir à tout prix pour se plaire et plaire aux autres. Sans tarder, il rebondit en s’improvisant écrivain et en publiant un récit de sa rencontre avec des extraterrestres, Le livre qui dit la vérité (1974). C’est un peu comme la dernière cartouche d’un chasseur qui aurait raté toutes ses proies. Rien qu’au titre de l’ouvrage, l’auteur lui-même ne paraît pas totalement se prendre au sérieux. Et pourtant, il n’est pas le seul, dans les années 70, à être sans réels repères, sans éducation religieuse et perdu dans sa vie spirituelle inexistante. Alors cette fiction apparaît comme une lumière aux yeux d’autres égarés. Et naît Raël, un pervers manipulateur, ignorant de toute culture religieuse, qui baptise pourtant des adeptes et qui délivre des prophéties à tour de bras. Il prône l’amour libre et la jouissance. Grand bien lui fasse. Du reste, qu’y a-t-il de mal à vouloir réussir sa vie, être riche, et coucher avec les plus belles femmes? Il y a de mal quand il s’agit de réussir sa vie en gâchant celle des autres, notamment en les incitant à consacrer leur vie à ce qui ne reste que de la fiction en carton-pâte. Il y a de mal quand il s’agit de s’enrichir sur le dos de misérables qui croient contribuer financièrement à une ambassade pour les extraterrestres, lesquels devraient atterrir en grande pompe d’ici à 2035, et qui ne verra jamais le jour. Il y a de mal quand il s’agit de coucher avec des femmes qui sont pour beaucoup incitées par leur mari ou leurs parents à donner leur corps au grand prophète; il y a encore plus de mal quand ces femmes sont mineures. Claude Vorilhon semble avoir réussi dans sa supercherie. Mais où est la réussite, quand cet amour que vous recherchiez depuis toujours n’est en fait jamais arrivé? Comment parler d’amour, lorsque l’autre est manipulé? Pauvre Vorilhon, qui était mal-aimé, et malgré ses millions et ses adeptes, l'est toujours autant.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Chan clear 03.03.2024 | 18h44

«Oui, très juste et choquant de voir au fil de ce documentaire à quel point les personnes se font endoctriner . C’est ce qui nous a paru le plus incroyable, la naïveté du personnage exécrable et ne dégageant aucun charisme, comment cela est-il possible? On souhaite que le Japon le transforme et lui fasse prendre conscience de son ridicule.Merci de cet article »