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Analyse


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Le 13 décembre prochain, les Chambres rééliront le Conseil fédéral et choisiront un nouvel élu parmi les deux candidats socialistes retenus pour succéder à Alain Berset. Des rumeurs circulent quant à une éventuelle attaque contre le siège d'Ignazio Cassis. Sans fondement sans doute mais non sans raison, car ce dernier est de loin le maillon le plus faible du gouvernement.



Depuis son élection en 2017, Ignazio Cassis n'a jamais réussi à se hisser au niveau de sa tâche et encore moins à celui d'une Suisse souveraine, neutre et capable d'assurer sa mission séculaire de bons offices. En 2020, pour plaire à l'Administration Trump et à l'extrême droite israélienne, il s'en était pris au directeur suisse de l'Office des Nations Unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens. En 2022, il s'était couché devant le président ukrainien au mépris des obligations de la neutralité pourtant inscrites dans la Constitution. Et aujourd'hui, il prend fait et cause, et tout le Conseil fédéral avec lui, pour Israël sans égards pour les milliers de civils et d'enfants palestiniens également massacrés dans des bombardements contraires aux Conventions de Genève.

Soyons juste, il n'est pas le seul à avoir montré des faiblesses. Alain Berset, chouchou des médias qu'il a su caresser dans le sens du poil, notamment ceux du groupe Ringier, et qui le lui ont bien rendu, a pourtant défrayé la chronique des faits divers à plusieurs reprises, entre ses virées dans la Forêt Noire en voiture de fonction, ses frasques aériennes en avion privé et le débarquement des agents fédéraux au petit matin chez une ex petite amie. Jadis, on avait harcelé et poussé Elisabeth Kopp à la démission pour bien moins que ça. 

A la tête du Département de la Défense, Viola Amherd a été servie par les circonstances. Mais avant même la guerre en Ukraine, elle avait déjà cédé aux officiers supérieurs, et notamment ceux de l'armée de l'air, qui souhaitaient un rapprochement avec l'OTAN et poussaient à un achat du F-35 américain au détriment d'un avion français ou européen, au moyen d'un appel d'offre biaisé comme l'a montré le conseiller national Pierre-Alain Fridez. 

Autre déception, Karin Keller-Sutter, dont la gestion hasardeuse de la faillite du Credit suisse le printemps dernier a laissé des traces qui ont coûté des voix à son parti aux dernières élections fédérales. Quant à la benjamine du Conseil fédéral, la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider, on attend toujours un signe qu'elle maitriserait ses dossiers, et notamment celui de la migration. J'arrête ici car en Suisse, malgré la démocratie dont on se gargarise, il n'est pas de bon ton de critiquer son gouvernement avec trop sévérité.

Pour terminer sur une note positive, j'aimerais donc mentionner la bonne performance du petit dernier, Albert Rösti, qui déçoit en bien comme on dit dans le canton de Vaud. Il décide, tranche, taille, sans arrogance et avec un doigté certain, comme les Romands ont pu le voir avec le dossier des transports ou celui de la redevance SSR.

Dès lors la question se pose: peut-on vivre à l'aise avec un gouvernement faible? Cette faiblesse est-elle un atout, comme le considèrent les libéraux, pour qui un gouvernement faible est la condition d'une économie forte (parce que dérégulée, le loup ayant perdu ses crocs)? Ou un inconvénient, quand la faiblesse institutionnelle se transforme en médiocrité ou en incompétence? La raison commanderait de répondre oui à cette dernière question. Mais le système fédéral suisse est ainsi fait que l'excellence y survient rarement, et que la médiocrité, qui est beaucoup plus fréquente, y fait moins de dégâts qu'ailleurs grâce au pouvoir limité des magistrats. Et c'est très bien ainsi. Surtout ne changeons rien. Rien de pire qu'un mauvais gouvernement doté des pleins pouvoirs. Primum non nocere…

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@rhodiola 01.12.2023 | 15h55

«La célèbre phrase de Christophe Blocher... Si je dois choisir entre deux candidats au Conseil Fédéral, je choisis toujours le plus mauvais, pour qu'il ne fasse pas d'ombre aux autres. On a le Conseil Fédéral qu'on mérite, à la mesure des pantoufles des habitants de la Suisse. Pas de grand destin, mais un ronronnement tranquille et ennuyeux. Dommage, le reste du monde s'éveille et on reste cristallisé sur nos vieilles valeurs.»


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