Culture / Sollers, un classique engagé dans son époque
Philippe Sollers s'est éteint le 5 mai dernier à Paris, à l'âge de 86 ans.
Pourquoi ce désir de le rencontrer?
Car celui dont le pseudonyme signifie «art tout entier» en a fait une manière de vivre à la manière des surréalistes, dont le fondateur André Breton fut un ami proche.
Arrivée à Paris, je n’eus de cesse que de mettre ce souhait à exécution.
L’occasion m’en fut donnée grâce à la chargée de presse de la Pléiade.
Au départ son ironie et son côté fanfaron ne facilitaient pas le contact.
Caustique sur l’époque, il ne goûtait que les Lumières et le XVIIIème, on n’est pas vraiment à l’aise.
Mais très vite son enthousiasme littéraire et ses critiques souvent très justes révisent cette prévention.
De l’époque il critique l’omniprésence de «la sessualité» selon l’expression de Queneau et la moralité «moraline», des nouvelles féministes.
Une carrière en 80 romans et essais.
De son premier roman publié, Une curieuse solitude (Le Seuil, 1958), à son tout dernier, Sollers se sera attaché aux mots, au langage. D’une lecture assidue des classiques: Lautréamont, Voltaire, Rimbaud, Hölderlin et tant d’autres, ce goût qu’il fait remonter à son adolescence, à sa mère pour Marcel Proust et à son écoute des messages brouillés et poétiques de Radio Londres dans la belle maison de Bordeaux dont le sous-sol était occupé par les allemands.
Il aura vécu dans une conversation permanente avec les grands écrivains, les citant sans cesse mais il a veillé à toujours être totalement inscrit dans le présent.
Les singularités des auteurs lui permettaient de forger la sienne propre.
Pour ne retenir qu’un trait de Philippe Sollers, c’est l’ironie, toujours prêt à faire ressortir l’absurdité du monde.
A l’évocation de sa propre mort, il cite Voltaire: «On a essayé de m’enterrer et j’ai esquivé.»
Ainsi cette mort qu’il évoquait comme une présence permanente, il l’a préparée avec une épitaphe Rose Croix, La Rose, la raison dans La Croix du présent, reprenant une citation d’Hegel.
Sa tombe est située près de celles d’aviateurs australiens, anglais et néo-zélandais morts en venant libérer la France, à Ars-en-Ré.
Sollers prêt à s’envoler.
Sollers sollis ars tout entier art, poétique jusqu’à la mort.
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