A vif / Comment la RTS se moque des jeunes
Tataki, vous ne connaissez pas? Non? Bon, vous êtes excusés. Il s’agit d’un canal de la RTS, oui, oui du service public, disponible seulement sur internet, sur les réseaux sociaux. Pour les 15-25 ans: de la pop-culture comme on en trouve partout. Mais là, en plus fouillis.
Des bribes de bla-bla, pourrait-on résumer. Dans le jargon, bien sûr. Voyez les titres des débats, du genre: «T’as déjà été foncedé.e à un repas de famille?» ou «Les cosplayers font l’amour en cosplay»…
Vous êtes perdus? Foncedé? Défoncé, drogué. Cosplay? Jouer dans la tenue d’un personnage de fiction. Des questions existentielles encore: «Est-ce que je vais comprendre House of the dragon si j’ai pas encore vu House of Gucci? »
Dans l’actualité: «T’es quel genre de personne à la rentrée?»
Témoignages de meufs bien sûr: «En soirée, je pisse accompagnée». Côté mecs? «Je me masturbe 5 fois par jour».
De la philosophie: «J’me dis que notre espèce devrait s’éteindre avant qu’on réduise notre planète en cendres.»
La politique: «Le drag c’est déjà politique». Berset: «A qui il ressemblerait avec des cheveux?»
Tout à l’avenant. Une équipe de cinq ou six personnes est dédiée à cette plateforme, mise en ligne en 2017, dont la RTS assure qu’elle est un grand succès. Cet espace qui fait croire que les 15-25 ans sont des abrutis analphabètes est insultant pour eux. Il n’a rien à faire dans la palette des programmes de la RTS. Les réseaux sociaux, Instagram, Tiktok et compagnie inondent déjà la jeunesse de telles fariboles, le service public n’a pas à en rajouter une couche. Espère-t-il les guider ainsi vers Temps présent ou Mise au point? Ce serait bien naïf.
Dire que le redevance sert aussi à ces gaudrioles est non moins insultant pour les payeurs. Et cela au moment où les programmes sérieux sont touchés par des coupes de budget. Supprimer le journal de 22 heures 30 le samedi, réduire les bulletins d’infos le dimanche de 6 à 3 minutes… On se pince. Comme s’il manquait de journalistes dans la grande maison! Mais que se passe-t-il dans la tête des responsables de l’audiovisuel public suisse?
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Sai_333 02.09.2022 | 09h11
«C’est ça votre analyse ? C’est un stagiaire qui a écrit ça ou un retraité qui s’ennuie chez lui ?
Si votre journal suit le destin de l’hebdo vous saurez que ce sera pas l’excès de qualité qui l’aura tué.»
@Christode 02.09.2022 | 10h16
«Ce qui se passe dans la tête des responsables de l'audiovisuel public suisse? C'est qu'ils nous prennent pour des idiots. Et notre gouvernement itou, de nous faire payer une redevance chère pour ce genre de stupidités et, hélas, bien d'autres. Décidément, et il n'est que de lire certains articles de "Bon pour la tête" pour le constater, notre génération perd tout sens moral, et cela avec la bénédiction de la plupart des partis politiques suisses. Le beau, le vrai, le juste, ont été jetés aux oubliettes... pour notre plus grand malheur.»
@markefrem 03.09.2022 | 16h27
«Consternant ! Décadant niveau Hanouna ! Nivellement par le bas. Et dire que j’ai plébiscité la redevance. Qui a écrit « la fabrique des crétins » ? »
@simone 03.09.2022 | 17h31
«J'ignorais évidemment l'existence de ce "lieu de culture avancée". Merci de l'information. C'est en effet attristant. Mais,
après tout, "dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es". Rien de nouveau sous le soleil : "L'âne frotte l'âne".
Suzette Sandoz»