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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Pourquoi l’abbé Pierre soignait sa «folie» à Prangins


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Le livre de Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin, «La fabrique d’un saint», sorti en avril aux Editions Allary, fait la lumière sur les déviances sexuelles et psychologiques du célèbre prêtre français, déjà bien connues du Vatican en 1954.



On sait que l’abbé Pierre, de son vrai nom Henry Grouès, a séjourné dans la prestigieuse clinique de la Côte en 1957. Un livre, cité par le Nouvel Obs, nous en apprend plus: La fabrique d’un saint, de Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin (Editions Allary). Depuis 1954, le Vatican connaissait les frasques du curé autrefois aumônier pétainiste, obsédé sexuel dès son jeune âge. Au printemps 1955, le fondateur d’Emmaüs fait une tournée aux Etats-Unis, guidé par le théologien de renom Jacques Maritain. Celui-ci est soudain alerté: à New York deux femmes déclarent avoir été forcées à des relations sexuelles avec «le saint laïc». Retour précipité en Europe de crainte du scandale. L’Eglise se tait. Mais en décembre 1957, l’épiscopal français finit par faire interner l’abbé Pierre et l’exclut de la direction du mouvement. Direction Prangins, alors sous la direction du psychiatre Charles Durand qui prend en charge le prestigieux patient, chaperonné aussi par un «socius», un assistant religieux, le père Monier, jésuite. Diagnostic, posé déjà par Maritain: une forme de schizophrénie entre la face claire et la face sombre du personnage. Il s’agit aussi de le désintoxiquer des amphétamines et autres «remontants» dont il abuse. La facture? Pas de problème, les millions tombent chaque année par dizaines sur la mouvance charitable, au statut juridique longtemps flou.

En juillet 1958, l’abbé quitte la clinique, ses supérieurs l’envoient discrètement à l’abbaye médiévale de Hauterive, dans le canton de Fribourg. Il n’y reste qu’un mois, tempêtant contre la surveillance de son accompagnant ecclésiastique. Et il regagne la France… en puisant dans les comptes d’Emmaüs dont il a été formellement exclu, grâce à son ex-bras droit, l’ancien escroc Paul Desort. Tout reprend comme avant.

Il faudra attendre 2024, dix-huit ans après la mort du personnage, pour que le public découvre l’ampleur de cette affaire, connue de si longue date des pontes de l’Eglise.


L'article du «Nouvel Obs»

Nos confrères de «Temps Présent» ont consacré une émission à ce sujet (à visionner jusqu'au 28 mais 2025)


«La fabrique d’un saint», Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin, Editions Allary, 413 pages.

 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Maryvon 02.05.2025 | 11h32

«Il est regrettable que l'on ait encensé l'Abbé Pierre jusqu'à son décès, que plusieurs acteurs aient même incarné ce personnage au cinéma alors que la majorité d'entre nous le croyait irréprochable et l'admirait. Nous avons l'impression que l'histoire se répète inlassablement, que la plupart des personnalités que nous respections s'avèrent suite à leur décès être des individus peu recommandables. Nous avons le sentiment désagréable d'avoir été trompés et certains médias en sont responsables. Evitons donc d'admirer des personnalités que nous ne connaissons pas !»