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Culture / La mère possessive de «Son fils»


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«Son Fils», Justine Lévy, Editions Stock, 183 pages.



Un malaise profond. De l’angoisse. Et surtout une incompréhension épouvantable. Ce sont les sentiments avec lesquels je ressors de ma lecture impulsive de Son fils. L’auteure, Justine Lévy, a imaginé le carnet intime d’Euphrasie Artaud, la mère d’Antonin Artaud (1896-1948). L’homme de lettres, poète, théoricien du théâtre et acteur a été interné en asile de 1937 à 1946, parce que sa folie était un danger à l’ordre public. Si le carnet de sa mère commence déjà en 1920, il se concentre surtout sur les années d’internement. Avant 1937, les sentiments de la mère sont divisés. Elle est folle de son fils. Il est un pur génie à ses yeux. Elle déteste pourtant ses fréquentations, surtout celles des femmes. Ces vilaines, ces sottes qui veulent lui enlever son bébé à elle et qui ne le comprennent pas comme elle le comprend. Puis vient l’internement, et là la mère accuse le monde entier d’avoir enfermé son fils, qui n’est pas fou, non, non! Dans un style sec et compulsif, agité et explosif, les mots de la mère témoignent de l’aveuglement face un fils qui est bien fou furieux. Dès qu’il semble aller mieux, c’est sa mère qui s’effondre… Fatiguée d’aimer. L’avoir dans un asile, était-ce une façon de le garder à jamais auprès d’elle?

«Je devrais faire parler mon âme, me laisser aller au chagrin, à l’inquiétude, me servir de mes dernières forces pour agir, le sauver encore une fois, mais je n’ai plus de chagrin, plus d’inquiétude, mon âme est morte et, depuis longtemps, je n’ai plus de fils. Il est temps que je pense à moi.»

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