Lu ailleurs / Quand les Bullois se rebellaient contre la Confédération
Etonnant récit historique de Gerog Kreis dans la «NZZ». Novembre 1944. Les inspecteurs fédéraux chargés de l’application de l’économie de guerre débarquent à Bulle pour traquer les bouchers qui abattaient du bétail en sus des quotas.
Ils furent fort mal reçus par les intéressés, les paysans et bientôt toute une foule en colère. Revenus en force, ils se retrouvent enfermés dans un bureau, bousculés, les pierres giclent! Il faut dire qu’avec le droit d’urgence, le Conseil fédéral prévoit de lourdes peines pour qui ne suit pas les normes: peines de prison sans sursis jusqu’à deux ans, jusqu’à 30’000 francs d’amendes. Une raison de la colère fribourgeoise: se méfiant des autorités cantonales, l’application du régime est confié à la Confédération. Atteinte au fédéralisme, s’exclame-t-on. Mais les journaux et les politiciens ont tôt fait de condamner les turbulents rebelles et de les accuser de saper la démocratie constitutionnelle.
Le jugement pour «violence et menaces» contre les autorités n’eut lieu qu’en octobre 1945. Peines atténuées: entre 14 jours et trois mois de prison avec sursis. Mais en janvier 1946, 18 personnes sont condamnées par le Tribunal fédéral de Lausanne pour les atteintes à la loi sur l’économie de guerre. Ils écopent d’un an avec sursis, de 42’000 francs d’amendes et doivent rembourser 12’000 francs des gains mal acquis. Les journaux, de La Gruyère à la Neue Zürcher Zeitung saluent la sagesse des juges.
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