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Chronique

Chronique / Que deviendront nos assiettes après le Covid-19?


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Un billet d’humeur pour sourire de nos délires à l’ère de l’obsession alimentaire. Anna Décosterd est auteure du blog culinaire My Sweet Mouette et photographe culinaire autodidacte.



A peine le confinement fini, j’ai cédé à la tentation et invité des amis. Ne vous inquiétez pas, j’avais tout prévu: les deux mètres de distance, le service au buffet placé loin de nos respirations potentiellement dangereuses, les essuie-mains individuels et le savon en pompe à la salle de bain. Nous avons adopté le petit signe de la main en lieu et place de la bise, j’ai eu envie me pencher pour les saluer, comme le font les Japonais. L’ambiance était à l’image de ces deux dernières semaines, un peu étrange, mais détendue.

Nous nous sommes tout raconté. Et soudain, la foudre de la stupéfaction a frappé. Mes amis connaissent bien ma passion pour les petits plats longuement mitonnés. Nous avons souvent parlé cuisine, mais avec des points de vue diamétralement opposés: jusqu’à présent, eux n’aimaient pas vraiment chercher la bonne recette, (celle qui allait rendre tout le monde heureux ) et passer des heures à la préparer. Mais ce soir-là, quelque chose avait changé: «Pendant le confinement? J’ai fait de la pâte pour des pâtes maison. Tu devrais essayer, c’est super facile!», a dit ma copine. «Ah oui, et de la pâte feuilletée aussi». Je n’en croyais pas mes oreilles. La pâte feuilletée maison, ce n’est quand-même pas une préparation pour débutants. «On s’est lancés dans la cuisine. Et on a adoré», a renchéri son mari. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas de le raconter dans ce billet, mais ils m’ont totalement prise au dépourvu.

Je l’avoue sans détours, je ne crois pas aux changements brusques en ce qui concerne l’humanité, chutes de météorites exceptées. En lisant l’édito du «Elle à table», daté du 7 avril 2020, nous prédisant une nouvelle cuisine «alléchante, positive, optimiste et responsable», et surtout, faite maison, j’ai failli faire le signe de croix et marmonner un «Amen» fervent. C’est beau, la messe… Personnellement, j’avais plutôt prévu un «Adieu blanquette, bonjour barquette», dès l’ouverture de la vente à l’emporter à large échelle. Mais peut-être me suis-je finalement trompée? On dit bien que nul n’est prophète en son pays. Garderons-nous ces nouvelles passions culinaires lorsque nous serons de retour au boulot? Mangerons-nous vraiment plus frais, plus joyeux, plus convivial? Je n’en ai aucune idée, mais je continue à observer. Je nous laisse trois mois pour tester. On refera le point après l’été!

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