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Chronique

Chronique / Le bonheur vient en mangeant

Anna Décosterd

16 mars 2020

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Un billet d’humeur pour sourire de nos délires à l’ère de l’obsession alimentaire. Anna Décosterd est auteure du blog culinaire My Sweet Mouette et photographe culinaire autodidacte.



Que vous raconter d’intéressant dans une rubrique centrée sur la bouffe en ces temps de panique virale? Je n’ai pas envie de commenter les razzias dans les grandes surfaces, ni la fermeture des restaurants, ni la question de savoir si vraiment, les gens mangeront tout ce qu’ils ont amassé à la maison. C’est peut-être instructif, mais ce n’est pas amusant.

J’ai donc décidé de vous donner quelques bonnes nouvelles de la planète Food. Je vous ai sélectionné quelques nouveautés, piquées à «Elle à table». Dans le numéro de février, on s’y intéressait à ce que nous mangerons demain. Ça tombe à pic ! En ces temps mortifères, ça fait un bien fou de regarder en avant.

Première bonne nouvelle: le retour de la béchamel. Dans la dénomination «béchamel», il faut compter les beurres blancs, les béarnaises, les hollandaises… autrement dit la véritable cuisine française, avec ses sauces mères, ses roux et ses fonds bruns. N’en déplaise aux amateurs de pâtes en gros, les asperges arrivent bientôt! Une jolie assiette d’asperges bien fraiches avec une hollandaise maison, ce sera bien plus sympa qu’une boite de raviolis, non?

Deuxième bonne nouvelle: on nous prédit la fin des plats signatures. Si vous ne le saviez pas, ce sont des plats inventés par un chef célèbre, qu’il propose à sa carte des mois, voire une année durant. Au mépris des produits de saison. Aujourd’hui déjà (et demain je ne vous dis pas) , les circuits courts s’imposeront, et les chefs cuisineront de plus en plus avec ce que les artisans locaux leur proposent au jour le jour. Ce que ça signifie? De l’imagination dans nos assiettes, du bonheur à retrouver des saveurs saisonnières, de la joie de ne pas devoir se farcir un hamburger, (même revisité) au fin fond du Pérou.

Dernière bonne nouvelle: nous passons au «slow drinking». Ne vous inquiétez pas. Nous aurons toujours le droit de siffler des cocktails. Mais nous boirons différemment: le goût prendra le pas sur la teneur en alcool. On nous promet des décoctions et des infusions maison, voire de mystérieuses fermentations, avec une larme de bonne grappa, vodka ou autre gin. Je me réjouis déjà de pouvoir retourner boire un verre et d’explorer tout ça.

Pour terminer, il y en a une, de bonne nouvelle, qui ne figurait pas dans l’article: on réapprend (un peu abruptement, certes), à cuisiner maison. Même si «l’évitement social» ne dure que deux semaines, ce que je souhaite ardemment, il est en train de se passer un truc. Sur les réseaux, certaines voix commencent à se demander comment faire pour cuisiner des produits de garde, ou encore des surgelés qui ne soient pas des plats déjà préparés. Et s’il fallait se mettre à faire son pain? Ses biscuits? Ses pâtes? Mes amis, tout est faisable. Dans mes jeunes années, à l’université, on parlait d’«ouverture du champ des possibles». N’en déplaise à Bourdieu, cela s’applique aussi à la cuisine.

 

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