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Chronique

Chronique / Olivier Mathieu se souvient de David Hamilton


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Olivier Mathieu ne s’en laisse pas conter: il sait qu’«aimer son prochain» est une idée parfaitement idiote. Si on aime quelqu’un, c’est son lointain – ou sa lointaine. De même pour «échanger des opinions». Je préfère garder les miennes, disait Sacha Guitry.

Quant à David Hamilton, il savait qu’une histoire d’amour durait le temps d’un clic. Il laissait le mariage aux jeunes crétins qui se jurent «amour pour toujours» devant leurs familles réunies de divorcés et de cocus, venues assister à la farce de leurs noces.

Les photographies de David Hamilton, même nimbées de flou, parlaient. Mais par bonheur, note ironiquement Olivier Mathieu, on n’entendait pas papoter les jeunes filles qu’il photographiait. Il se souvient à ce propos du grand poète juif René-Albert Gutman lui lisant l’admirable poème de Paul-Jean Toulet:

«Pour une dame imaginaire
Aux yeux couleur du temps,
J’ai rimé bien longtemps :
J’en étais poitrinaire.

Quand vint un jour où, tout à coup,
Nous rimâmes ensemble.
Rien que d’y penser, il me semble
Que j’ai la corde au cou.»

David Hamilton, ce fut l’anti-corde au cou. Son flou lui permettait d’enrober la vulgarité humaine d’une forme de poésie qui n’est plus dans l’air du temps. À travers ses livres, notamment sur Dawn Dunlap ou Les jeunes filles ont l’âge de mon exil, Olivier Mathieu tente de le ressusciter. Sa ferveur fait qu’il y parvient.

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