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Actuel / Le cimetière marin nucléaire de la mer de Barents

Gian Pozzy

30 juin 2017

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La fanfare militaire interprète «L’adieu de Slavianka», un des chants patriotiques russes qui aura fait la gloire des Chœurs de l’Armée rouge. Mais ce que les musiciens font mine de pleurer, ce jour-là à Mourmansk, dans la péninsule de Kola, n’est pas la femme qu’ils espèrent retrouver mais bien un chargement de barres d’uranium radioactif provenant de sous-marins nucléaires russes, qui entame son dernier voyage vers les grands fonds de la mer de Barents.

Le port de la baie d’Andreïeva est flambant neuf. Tout comme le navire spécial qui appareille pour la première fois. Seule la cargaison est vieille et tellement menaçante qu’un grand nombre de personnalités russes et étrangères ont fait le voyage pour la voir disparaître. Notamment Börge Brende, le voisin ministre des Affaires étrangères norvégien. Il souligne que ce premier voyage vers les poubelles marines fera date pour la stabilité et la sécurité dans la région. Jusqu’ici des conteneurs provisoires de déchets radioactifs de sous-marins nucléaires étaient stockés dans de simples hangars: 22 000 barres de combustible venues des cent réacteurs de cinquante sous-marins nucléaires finissaient de se consumer quasiment à l’air libre. «Le rayonnement radioactif est à peu près semblable à celui de la catastrophe de Tchernobyl», admet Vince Novak, directeur de la division de la sécurité nucléaire à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui gère une partie des fonds d’assistance européens en quête de solution pour la baie d’Andreïeva. «Ce n’est pas de l’altruisme. Le risque nucléaire ne s’arrête pas aux frontières», souligne-t-il.

Un passionnant reportage du journaliste Benjamin Triebe, de la Neue Zürcher Zeitung, à Mourmansk, sur la mer Blanche, non loin du futur cimetière marin nucléaire de la mer de Barents. A lire absolument car, après tout, la Russie n’est pas seule à se demander comment se débarrasser de ses déchets nucléaires de manière sûre et, disons, définitive.


L’article de la NZZ: «Geeint nur am strahlenden Grab»



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