Chronique / Délices d’été: les gastronomies ensoleillées
L’été est là, avec ses chaleurs, ses émois et ses folies. A travers six épisodes, partez à l’aventure dans les délices de l’été. Des amours en passant par la gastronomie jusqu’à la baignade et aux apéros, vivez un été aussi sensuel que littéraire avec Bon pour la tête. Episode 4: les gastronomies ensoleillées.
Oui, c’est vrai, j’aime bien manger. Je suis même parfois un glouton. Avez-vous aussi déjà fait cette expérience aussi enthousiasmante que stupide de manger volontairement jusqu’à vous sentir mal? Peut-être que vous l’avez fait pour ne pas offenser votre hôte qui avait pris tant de peine à mettre les petits plats dans les grands et qui vous a resservi sans attendre votre acquiescement. Venant d’une famille italienne, j’ai été moi aussi confronté à cet embarras. Comment refuser une troisième portion de lasagnes à ma grand-mère?
Oui, j’aime vraiment manger, et ce phénomène est accentué en été, en tout cas chez moi. On dit pourtant que la chaleur coupe la fin. C’est peut-être vrai en journée, mais je ne manque pas de me rattraper le soir. Histoires de gloutonnerie mises à part, les gastronomies d’été sont appréciables non pas pour leur quantité mais pour leur finesse et le cadre dans lequel elles sont dégustées. Oui, on peut avoir des tendances de glouton frustré refoulé, tout en appréciant un certain raffinement.
Les joies des repas d’été, c’est d’abord un cadre: au bord de la mer, en ville ou chez soi, rien de mieux que de passer une soirée paisible à boire et à manger en terrasse. Entre un Pakistanais qui vend des roses, un gitan qui joue de la guitare, et un soleil qui se couche orange, rose, tout tranquillement, tout est réuni pour passer une soirée d’abandon dans les bras de la joie.
A la mer, repas frugal à midi: chaleur et baignade obligent. Mais la soirée s’ouvre avec un rosé sous le bruit discret des vagues. L’atmosphère s’est rafraîchie. Attablé, en bonne compagnie, l’entrée vient faire mémoire de la journée passée: douce et savoureuse. C’est une salade de poulpe qui m’ouvre l’appétit. Avec sa texture à la fois ferme et tendre, chaque morceau de poulpe sous ma dent laisse exploser son goût si particulier qui mène mes papilles dans une navigation entre une huile onctueuse, un jus de citron à l’acidité parfaite, un sel marin à peine perceptible, un fin parfum d’ail et un persil dominant.
Puis vient la dorade, croustillante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur. Son goût de pur poisson est relevé par un romarin qui l’a accompagné dans sa cuisson et un filet d’huile d’olive encore frais, tout comme quelques gouttes de jus de citron qui répandent le parfum du poisson jusqu’à mes narines. Le vinaigre balsamique ne semblait avoir été giclé sur la dorade que pour la décoration. Il révèle en fait son arrière-goût sucré qui équilibre les saveurs dès la première fourchetée. L’accompagnement n’a pas à pâlir: semoule très fraîche aux fruits secs et à la menthe, et une farandole de poivrons en ratatouille qui ont autant de couleur que de goût.
Si cette ambiance nous transporte au bord de mer, les gastronomies d’été ont toute leur place en ville aussi. Quoi de mieux, pour faire une pause à midi que de se laisser tenter par un plat tout en salade? Entre la grecque, la niçoise, la César et autres fantaisies, ma préférée reste assurément la chèvre. Feuilles de salade frisées, un peu de roquette, des tomates cerises coupées en fleur, quelques morceaux de noix et une vinaigrette légère, le tout couronné par un chèvre chaud qui donne à toute l’assiette consistance et plaisir.
Pour les soirées en ville entre amis ou en famille, parmi toutes les possibilités de déguster des plats raffinés, j’aime laisser place à la simplicité d’une pizza. Si je me concède parfois un tour du côté de la capricciosa, de la parma ou de la suggestion spéciale du pizzaiolo, je suis un grand fidèle de la pizza végétarienne. On aurait pensé que pour l’été j’aurais opté pour un pizza fruits de mer. Non, parce que les légumes grillés méditerranéens, courgette légèrement amère, aubergine un brin piquante, poivron au goût fumé, me ramènent tout droit dans les étés de mon enfance à la campagne au Sud de l’Italie.
Ce sont mes gastronomies ensoleillées, à savourer et partager, pour partir en voyage rien qu’à travers les papilles.
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