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Actuel / Trains suisses: «la pire détérioration de l’horaire de tous les temps»


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Cela n’en finit pas. Un horaire 2024 des CFF qui pénalise les Romands, Jurassiens et Neuchâtelois surtout mais pas qu’eux. Une modernisation de la gare de Lausanne qui attend la Saint Glinglin. Et ces jours l’annonce de chantiers qui provoqueront ces prochains mois perturbations et retards, du Léman vers Fribourg et vers Brigue. Mais attendez, ce n’est pas tout. Voyez ce qui se mijote pour les prochaines décennies...



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Les projets de l’Office fédéral des transports et des CFF commencent à sortir discrètement. Dans un charabia nébuleux. Côté rail, l’avenir va coûter cher aussi. 19 milliards prévus, peut-être réduits à 15. Pour aboutir à quoi? A une dégradation du trafic dès 2035! On croit rêver. Pas seulement pour les Romands. Les Alémaniques auront droit aussi à de nouveaux tracas. Ainsi il est prévu que les TGV de Paris n’iront plus jusqu’à Zurich mais seulement jusqu’à Bâle. Les trains rapides allemands, les ICE, idem, alors qu’aujourd’hui ils arrivent sur la Limmat, à Lucerne et quelques fois même jusqu’à Interlaken. Le trajet de Zurich à Vienne est déjà long, huit heures, il durera encore 40 minutes de plus à la suite d’une modification de tracé: il ne passera plus par St-Gall et St-Margrethen mais par Sargans. Quant au train EC de Munich, l’un des pontes des CFF propose qu’il finisse sa course à St-Gall, tant pis pour les Zurichois. Et là aussi il faudra compter une demi-heure de plus. En fait, les seules vraies améliorations planifiées sont celles entre Berne et Zurich et sur la ligne du Gotthard, à partir de Zurich.

Les Lucernois font aussi la grimace. Plus de trains directs vers la Suisse romande. Plus non plus entre Bâle, Lucerne et le Tessin. Le trafic transalpin vers le sud se fera principalement à partir de Zurich. Un train par heure vers Bâle au lieu de deux aujourd’hui. La modernisation en cours de la gare n’amènera guère d’amélioration.

Tous ces problèmes, dit-on, parce que le réseau ferroviaire suisse a mal vieilli et aussi en raison d’une mauvaise surprise. Les trains dits Dosto qui s’inclinent dans les virages – comme une moto! –, applaudis lorsqu’ils ont été commandés il y a une vingtaine d’années, aujourd’hui en service notamment entre le bassin lémanique et la Limmat, ces tortillards rapides ont déçu les attentes, de l’aveu même du directeur général des CFF. Ils sont inconfortables, mal adaptés au réseau actuel. Ils doivent donc ralentir. Tous les horaires s’en ressentent. Des améliorations techniques, fort coûteuses, sont envisagées, quelques corrections des voies aussi. Mais il semble bien que l’on aille vers l’abandon de cette technologie.

Les cantons commencent, timidement, à dire leur colère devant ces plans d’avenir foireux. La CITraP, communauté d’intérêts des transports publics, dénonce «la pire détérioration de l’horaire de tous les temps». Ajoutant en toute logique: «les 19 milliards de francs accordés par le Parlement jusqu'en 2035 pour l'extension du réseau ferroviaire doivent conduire à des améliorations pour les clients, et non à des détériorations ».

Ces plans à long terme n’ont pas encore été révélés officiellement. Il faut être un brin curieux pour les découvrir. Manifestement ce n’est pas ce qu’ont fait les parlementaires, déjà pris par la somnolence estivale. Ou obsédés par leurs manœuvres préélectorales. Se réveilleront-ils? Songeront-ils au bien public et pas seulement à leur carrière? Suivront-ils la suggestion du conseiller aux Etats Olivier Français, bien seul dans ce domaine, qui les voudraient plus «vindicatifs» selon ses termes à la radio?

Les trains helvétiques sont déjà les plus chers d’Europe. Les plus lents aussi, faute de lignes à grande vitesse. La perspective d’une nouvelle détérioration fait mal si l’on se souvient du génie ferroviaire d’autrefois. Quand à la fin du XIXème siècle, le rail se répandait partout, même jusqu’à tant de sommets. Vous souvenez-vous du l’Orient-Express qui reliait Paris à Istanbul avec un arrêt… à Territet? Les pionniers d’alors, pressés et audacieux, voulaient aller partout, plus vite et plus loin. On pense avec eux avec une singulière nostalgie.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

4 Commentaires

@Latombe 30.06.2023 | 23h22

«Principe de réalité ou choix politique ?
Je m’amuse en lisant M. Pilet de sa nostalgie des pionniers du rail. Ils avaient le fric et l’espace pour réaliser des lignes de train, Aujourd’hui on consacre des milliards à la route et le territoire est mité de constructions immobilières.
Rappelons que dès la fin du XIXe siècle s’est développée l’utopie de la mobilité pour tous et des déplacements de plus en plus rapides. C’est l’effet de la maîtrise des machines à vapeur puis de l’électricité. Du point de vue social, n’oublions pas que tous n’ont pas eu accès aux voyages en train. Aux beaux jours de l’Orient Express (qui s’arrêtait à Territet mais pas à Renens !) et où la vitesse moyenne restait autour de 60 km/h, seules les personnes fortunées pouvaient l’emprunter.
Dans les 30 glorieuses on a pu imaginer des trains rapides et à grande capacité tels les TGV, à coût accessible pour tout un chacun, mais alors au prix de quelle dégradation des lignes régionales, particulièrement en France ?
Il faut, au vu de ces exemples faire des choix politiques.
Si pour préserver un climat tolérable pour les humains, on doit préférer le rail à la route, cela coûtera cher à la collectivité, tout particulièrement pour l’entretien et la rénovation. On ne peut pas viser en même temps une grande densité d’offre ferroviaire (ce qui est le cas en Suisse ; faites un petit voyage aux E-U pour comparer !) et la réduction des durées de parcours.
Même avec 5 minutes à une demi-heure par jour en plus, le train reste un lieu où on peut lire en confort – y compris Bon pour la tête - contrairement aux déplacements motorisés qu’on roule ou qu’on soit pris dans un bouchon.
»


@arnolphe 05.07.2023 | 13h38

«Et si on n'avait pas abandonné le projet Swissmetro en 2009 ?…»


@Philippe37 07.07.2023 | 11h50

«Libérons les trains ! Il y a quelque 30 ans, achetant un billet New York-Boston aller-retour l’employé me demanda : quand voulez-vous partir...je lui répondis que je n’en savais rien, que je sauterais dans un train quand l’envie me prendrait, comme en Suisse... Ah me répondit-il finement, ici on doit réserver mais la Suisse a le meilleur système au monde. Enterré.
Dans les années 90, il était possible d’acheter un billet international valable 2 mois. On s’arrêtait à loisir, on voyageait. Enterré. Il y a peu, un billet national A-R était valable 10 jours, quelle liberté. Enterré. Je réalise que l’achat d’un billet ou CJ dégriffé m’oblige à décliner mon identité, tout comme le Swiss pass qui trace/traque tous mes déplacements. L’achat d’un billet normal est prohibitif sans le demi-tarif, cette autre prise d’otage. Une amie à faibles revenus ne peut se déplacer qu’avec Bla, bla, bla ou rester chez elle ! Les CFF et la nomenklatura veulent des clients captifs, pendulaires ou friqués et des voyageurs internationaux ? Or nous sommes des millions dans ce pays à payer pour ces fichus trains. Il est temps qu’enfin nous puissions profiter de nos investissements. Gratuitement.
Martine Keller
Martine Keller»


@stef 30.07.2023 | 22h13

«@arnolphe: »