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Le 28 septembre, les Suisses se prononceront à nouveau sur l’identité numérique (e-ID). Cette fois, le Conseil fédéral revient avec une version révisée, baptisée «swiyu», présentée comme une solution étatique garantissant la souveraineté des données. Mais ce projet, déjà bien avancé, suscite des inquiétudes quant à son coût, sa gestion, son manque de conscience écologique et ses implications pour la vie privée. A l’approche de la votation, les questionnements s’intensifient.



Alors que près de la moitié de la population suisse rêve de se libérer de sa dépendance au smartphone et que la première mouture de l’e-ID avait été rejetée en 2021 par 64,3 % des votants, on peine à comprendre l’obsession de nos gouvernants à revenir en force, si rapidement, afin de nous doter d’un tel dispositif. Y aurait-il des pressions de l’extérieur? Des raisons de compétitivité économique? Serait-ce l’influence de l’Union européenne et donc le souci de notre euro-compatibilité, comme dans le cas de la crise covid où bon nombre de décisions auraient été prises, non par nécessité scientifique, mais pour «faire comme nos voisins»?

Quoi qu’il en soit, le Conseil fédéral a mis les bouchées doubles pour swiyu. Une version test est déjà accessible. La Confédération a dépensé 62 300 francs pour trouver le nom. Selon le portail du gouvernement suisse, 182 millions de francs ont été engagés pour le développement de l’infrastructure pour la période 2023 à 2028 et attribués à l’entreprise privée Elca. Ce montant, prélevé sur les fonds publics avant même la validation du projet en votation populaire, interpelle dans un contexte où la santé, le social et la culture subissent des coupes budgétaires. Si la votation est acceptée, la maintenance annuelle de l’application coûterait 25 millions de francs supplémentaires, selon les estimations officielles.

Le slogan «gagner du temps et de l’argent» est martelé pour promouvoir swiyu, avec la promesse d’une application «gratuite» pour les citoyens. Mais cette gratuité est en trompe-l’œil. Les coûts initiaux, déjà supportés par les contribuables, soulèvent des questions: qui a bénéficié de ces 182 millions? Et que se passera-t-il pour ceux qui refuseront d’adopter l’e-ID? Les démarches administratives traditionnelles resteront-elles accessibles, simples et gratuites?

Un partenariat public-privé controversé

L’entreprise Elca, sélectionnée pour développer et gérer swiyu, est au cœur des interrogations. Dirigée par Cédric Moret, un multimillionnaire affilié au PLR, Elca détient 60 % de SeconAG, société mère de Serafe, déjà connue pour la collecte de la redevance radio-TV. Dans un article du 24heures, Cédric Moret a été critiqué pour sa gestion des dividendes de Serafe, bien qu’il assure que les six millions de francs en question ont été réinvestis. Ainsi, après la récolte de la redevance radio-TV avec Serafe, et de nombreux autres partenariats étatiques, Monsieur Moret s’offrirait un joli partenariat public-privé (PPP) pour une e-ID avec Elca. Si le peuple dit oui…

Des promesses économiques discutables

Pour convaincre, les partisans, dont l’entrepreneur et député libéral-radical Saint-Gallois Marcel Dobler cité dans 24heures, avancent que l’e-ID pourrait générer des économies équivalant à 2 % du PIB suisse, soit 15 milliards de francs par an. Cette estimation repose sur «des études» (non précisées dans l’article) qui s’inspireraient du modèle estonien de numérisation globale. Or, comparer la seule e-ID suisse à la transformation numérique complète et obligatoire de l’Estonie paraît largement exagéré, voire trompeur. Les opposants qualifient ces projections d’«optimistes» ou de «mensongères», arguant qu’elles masquent les risques réels de surveillance, d’obligation déguisée et de cyberattaques. D’autant que ces dernières ont déjà touché Fedpol par le passé, ici ou .

Une fuite en avant numérique?

Le projet swiyu illustre une ambition: simplifier les démarches administratives en transférant une partie du travail aux citoyens, qui scanneraient eux-mêmes leurs documents ou effectueraient leurs transactions en ligne. Mais cette logique soulève une question: les citoyens ne deviendraient-ils pas des exécutants gratuits pour les entreprises et administrations? De plus, la NZZ indique que «l’e-ID pourrait devenir obligatoire» via les entreprises privées. Les réfractaires risquent ainsi de se retrouver marginalisés si les services traditionnels devenaient moins accessibles.

Par ailleurs, toutes les personnes engagées écologiquement sur la voie de la sobriété ou frugalité liée au numérique − au regard des besoins croissants de ce dernier en terres rares, eau, électricité et quant à la gestion des déchets électroniques − ne participeront pas à ce projet, prélude à une numérisation du monde social.

A quelques semaines de la votation, la population suisse est face à un choix crucial: adopter une identité numérique présentée comme un outil de modernité, ou s’en méfier au nom de la protection des données, du droit à la déconnexion, de l’équité d’accès ou de l’écologie. Le débat ne fait que commencer.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@caroline k. 12.09.2025 | 08h30

«Même les conseillers fédéraux se sont fait voler à plusieurs reprises leurs données, et dernièrement en 2025 (sans parler de la police elle-même) et les géants Suisse de la Tech alertent en lien avec la LSCPT (départ en cours de la startup à succès Proton).

Et bien sûr, personne ne mentionne plus le scandale de la plateforme mesvaccins.ch.

Je suis entrain de collecter plus de 20 références à ce sujet, car l'ICT journal est aussi rempli d'articles qui vont à l'encontre des arguments des favorables à cette loi, arguments qui ne sont pas sans rappelés le "sûr et efficace" récent qui à-postériori s'est confirmé comme étant très fallacieux.

Ne pas oublier que le PLR était un des partis les plus enclins à exclure la population Suisse qui était un tant soit peu renseignée sur le produit qu'elle était forcée à s'injecter, et que le pass COVID n'était pas annoncé initialement comme obligatoire.

Si vous voulez un monde type BlackMirror NoseDive tel que celui-ci - vidéo très bien faite - , allez-y voter pour ! https://www.youtube.com/watch?v=vJYaXy5mmA8

Sources vol données Conseil Fédéral 202 - 2023
https://www.rfj.ch/rfj/Actualite/Suisse/Medias-vol-de-donnees-confidentielles-sur-des-conseillers-federaux.html (vol de 2025)
https://www.24heures.ch/nouvelle-cyberattaque-des-donnees-sensibles-de-la-confederation-sont-proposees-sur-le-darknet-861517244685 (vol de 2023)»


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