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Dès le mois prochain, un tunnel au bout du Léman permettra de contourner le hameau des Evouettes mais pas le village du Bouveret, pourtant bien plus peuplé. Un choix qui interroge.



Qui se rend en France par Saint-Gingolph traverse un modeste village, Les Evouettes, dans la commune de Port-Valais. Maisons espacées, quelques commerces, un garage, un restaurant, le long d’une route large, surchargée matin et soir par les frontaliers. Or à partir du 13 septembre, un tunnel sous la colline proche permettra d’éviter la localité pour le bien-être de ses 900 habitants. Sept ans de travaux et un coût de 134 millions de francs, financés à 90% par la Confédération, le reste par le canton et les communes qui ont souhaité cet ouvrage. 657 mètres sous terre mais, avec les belles voies d’accès, une longueur totale de 1450 mètres. 

Qu’adviendra-t-il de la route cantonale actuelle? Elle sera désormais communale, à sens unique, réservée aux habitants du lieu et leurs visiteurs. Les rares commerces ont du souci à se faire mais le restaurateur se félicite du calme promis et compte sur sa clientèle fidèle, tout comme le garagiste qui affiche le prix de l’essence le plus bas de la région. 

Pourquoi là et pas ailleurs?

Paradoxe, la localité suivante, Le Bouveret, avec une population bien plus grande, est traversée en son centre par la bonne vieille route cantonale sans que jamais on ait songé à faire passer celle-ci sous terre. Cela n’empêche pas ce lieu d’être fort vivant avec, en prime, en contre-bas, des espaces de loisirs attrayants. 

Tant mieux si les Evouettouds – c’est la juste appellation – dorment mieux. Mais pardon, ce tunnel chatouille méchamment le bon sens. Pourquoi là et pas ailleurs? Est-ce bien raisonnable d’engloutir une telle somme pour éviter le bruit pas pire qu’un bout plus loin? Allez comprendre la logique routière des Valaisans. Ceux-ci n’ont toujours pas terminé l’axe principal de leur canton, l’autoroute jusqu’à Brigue. A partir de Sierre, il y en a quelques tronçons disparates forçant à maints détours. 

Ce qu’il faut bien appeler un caprice à 134 millions illustre la tranquille assurance de tant de Suisses qui considèrent leur pays comme une boîte aux trésors inépuisables. Alors que par ailleurs, l’économie s’embrume, que les besoins sociaux ne cessent d’augmenter. En attendant, fonçons dans le trou des Evouettes. A 80 ou à 100 km/h?

 

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