Livre / Un roman noir entre Genève et Lausanne
«Insoumission», Olivier Chapuis, Editions BSN Press, 200 pages.
La première chose à saluer dans ce roman noir dont l’intrigue se déroule entre Genève, Lausanne et Forel, c’est que parmi ses principaux protagonistes, il n’y a ni policier ni journaliste. Ça change, ça fait du bien. Et ça montre que c’est possible, même si les journalistes et les policiers ont beaucoup de points communs, notamment celui de s’assurer que l’ordre moral règne, et que leur présence est pour ainsi dire «naturelle» dans une intrigue «policière». Ni policier ni journaliste, donc, mais des affairistes. Une catégorie de la population qui se prête bien au roman noir, lequel explore par définition les parts les moins lumineuses de ce monde dans lequel nous barbotons la plupart du temps comme des invertébrés dans un marigot. Le cadre général de l’intrigue d’Insoumission est la prostitution. Et il faut avouer que de voir les protagonistes d’un réseau international évoluer dans des paysages lémaniques a quelque chose d’étonnant, presque d’exotique. Leur business est le sexe tarifé mais pourrait tout aussi bien être la communication, l’agroalimentaire, les assurances, le droit des affaires. Ce sont des cadres supérieurs, avec des habitudes de cadres supérieurs. Tout est assez misérable dans ce roman alors même que les personnages ont de l’argent, c’est intéressant de le constater. Ils n’ont pas d’autres désirs – pour autant que l’argent soit un désir. Il y a bien sûr une intrigue, bien ficelée, mais ça reste de bout en bout un roman noir, merci à l'auteur pour sa constance. Le monde dont il nous parle est parfaitement désenchanté, il ne nous est pas étranger.
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