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A vif


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Les commémorations actuelles de la fin de la Seconde guerre mondiale, il y a huitante ans, excluent toute présence de la Russie, aujourd’hui honnie. Pourtant, son apport énorme à cette lutte fut décisif et payé de 27 millions de vies, militaires et civiles. C’est une honte de l’oublier.



Ces jours, Berlin et d’autres villes européennes commémorent la fin de la Seconde guerre mondiale, il y a huitante ans le 8 mai. Délicats et douloureux souvenirs pour l’Allemagne. Plusieurs expositions et débats rappellent ce tournant de son histoire. Avec un souci: exclure toute présence de la Russie et de ses drapeaux, formellement interdits. Alors que les Soviétiques ont perdu plus de 80 000 hommes pour la bataille de Berlin. En revanche, et c’est légitime, il est abondamment rappelé que l’avance des troupes rouges a été accompagnée de violences et d’humiliations envers la population. Rappelé aussi que ces derniers mois de guerre ont vu l’exode forcé de quatorze millions d’Allemands des territoires qu’ils occupaient depuis des siècles au nord de la Pologne, à Königsberg et dans l’actuelle Tchéquie. Tous ces hommages ont leur dignité mais constituent, dans l’hystérie antirusse d’aujourd’hui, une sorte de pied de nez à l’histoire. Sans la résistance inouïe de l’URSS à la tentative de son envahissement par le Reich hitlérien, on peut imaginer ce que l’Europe brunie serait devenue. La puissance rouge a payé pour cela 27 millions de vies, militaires et civiles. C’est une honte de l’oublier. 

Comme ce serait impardonnable d’ignorer l’effort déterminant, matériel et humain, des Etats-Unis d’Amérique. Avec 185 000 soldats tués en Europe, sur un total de 416 000 dans le monde, entre 1942 et 1945.

Le rôle ambigu de l’Ukraine

En ce 8 mai 2025, la Grande-Bretagne commémore à bon droit son engagement, si important, dans la lutte antihitlérienne. Elle y a perdu 380 000 soldats. Et 30 000 civils dans les bombardements allemands sur son sol. Mais voilà qu’à ce souvenir elle a cru bon d’ajouter aujourd’hui une provocation: elle a invité aux cérémonies un détachement militaire d’Ukraine. Alors que ce pays, divisé, ravagé aussi par la guerre, a fourni des hommes aux deux camps. Enrôlés dans les troupes soviétiques, engagés par ailleurs – pour environ 300 000 d’entre eux – dans l’appui au Reich. Notamment la 14e division Waffen-SS Galicie, des policiers auxiliaires ukrainiens (environ 35 000), ainsi que d’autres formations militaires et paramilitaires créées ou tolérées par les nazis. Engagement célébré aujourd’hui encore par les ultranationalistes, à travers insignes et noms de rues. Et le président Zelensky qui se permet de menacer la célébration du 8 mai à Moscou…

Quant à la France, elle n’est pas très à l’aise avec cette commémoration. Elle ne peut oublier qu’une grande partie de son opinion est restée pétainiste jusqu’en 1944, que la Résistance fut très minoritaire. Elle a apporté toutefois une contribution importante à la défaite du Reich. Avec le débarquement en Provence en août 1944 et la campagne des Alliés en Italie du sud (1943-1944). La participation des troupes françaises, composées surtout de «tirailleurs» enrôlés dans les colonies, maghrébins surtout, a été considérable et coûteuse en vies.

Nous, Suisses épargnés par la Seconde guerre mondiale, devrions avoir une pensée vers tous les peuples qui ont abattu la tyrannie nazie. Sans oublier personne, surtout la Russie aujourd’hui honnie dont l’apport énorme à cette lutte fut décisif. Ces mots d’hommage et de reconnaissance, on les entend bien peu. Ou pas du tout. 

 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@Paul Véhunt 09.05.2025 | 10h37

«
Extrait des 'Mémoires du spécialiste de l'URSS Jean-Marie Chauvier :

'Au seuil d’une nouvelle guerre froide, le président Poutine s’efforce encore de séduire les anciens alliés occidentaux. En 2010 seront invités et défileront sur la Place Rouge les armées des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France, de la Pologne. Qui se souvient, en Occident, de cette audacieuse initiative de Poutine, présenté comme « anti-occidental » enragé ? Ce rappel pathétique à la « grande alliance » anti-hitlérienne n’était-il pas l’ultime tentative du chef d’état russe de se faire accepter dans le « club des Grands » du monde capitaliste ?'

J'ajoute : après avoir proposé l'adhésion de la Russie à l'OTAN...»


@von 09.05.2025 | 11h33

«"... une pensée vers tous les peuples qui ont abattu la tyrannie nazie ..."

Pas seulement pour eux mais aussi pour les Allemands, qui n'ont pas tous été des nazis. Lorsque Hitler a pris le pouvoir, sa première décision a été de faire périr ses opposants politiques dans des camps. Comment voulez-vous que le simple péquin se rebelle contre la tyrannie qui arrivait? C'était se faire enfermer à son tour.

C'était la même chose en URSS avec Staline. Tu lèves un sourcil et hop, au goulag! Idem avec Poutine de nos jours.

Moins grave mais tout de même tyrannie à venir: Trump au USA, dont la première tâche a été de virer tous ceux de l'administration qui n'étaient pas de son côté. Son maga fait un peu penser aux "bons aryens" d'Adolf. Il est revanchard le Donald, les Américains feraient bien de s'en souvenir. Un de ces jours, une sorte de MacCartysme renaîtra...

En Israël aussi, un gros malin monopolise le pouvoir et mène son peuple à l'anéantissement. Là bas, ceux qui ont un peu d'humanité et qui sont conscients qu'on n'expulse pas un peuple entier de chez lui sans générer une haine inextinguible, ne peuvent pas faire entendre leurs voix.

C'est la constante dans ce genre de situation. Et pourtant c'est gros comme le nez au milieu de la figure que si Israël ne conclut pas une paix honorable avec les Palestiniens, un jour ou l'autre ceux-ci n'auront vraiment, mais alors vraiment, plus rien à perdre et ce sera la curée. Et tout les pays qu'Israël bombarde comme s'il était chez lui seront avec eux.

"Celui qui a vécu par l'épée périra par l'épée"...

Une petite coterie, abritée derrière un potentat autoritaire, prend le pouvoir et précipite son peuple dans le malheur. La majorité des citoyens ne le veulent pas mais sont n'ont pas d'autre choix que de le suivre. Beaucoup finissent par se rallier à lui, par peur, par lâcheté ou par opportunisme. Rappelons-nous les collabos en France. Ainsi en a-t-il été en Allemagne, ainsi en est il en Israël, ainsi en sera-t-il aux USA.

Une constante à rappeler tout de même: les peuples ne veulent pas la guerre, on la leur impose. Un raison fréquente est de juguler des troubles intérieurs en s'inventant un ennemi. Une fanfare, un hymne national, des roulements de tambour et hop, le bon peuple se dresse comme un seul homme sur ses ergots et part la fleur au fusil tuer de l'ennemi.

Notons que les riches n'y vont pas eux, ils restent bien peinards à l'arrière et profitent de l'absence des hommes pour s'enrichir et leur piquer leurs femmes.

"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas" (Paul Valéry)

Une autre constante: A la fin d'une guerre, il n'y a que des perdants. Des deux côtés de jeunes hommes et des civils sont morts, et les pays ont été détruits. Les seuls gagnants sont ceux qui ne l'ont pas faite. Il faut s'en souvenir!
»


@Pabeda 09.05.2025 | 12h06

«Merci pour cet hommage, merci aussi de rappeler que ce n'est jamais tout blanc ou tout noir et que le monde est extrêmement complexe. On dit que l'espoir meurt en dernier, mais aussi que l'espoir fait vivre et rend les fous heureux... »


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