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Lu ailleurs

Lu ailleurs / La Lituanie a du mal avec son passé

Jacques Pilet

1 novembre 2017

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Avant l’Holocauste, Vilnius était nommée la Jérusalem du nord. La Lituanie comptait sur une nombreuse population juive qui a profondément marqué la culture de ce petit pays balte. Lorsqu’il fut envahi par les nazis, l’antisémitisme s’y est déchaîné.



Nombre de Lituaniens ont participé activement au massacre, établissant des listes, dénonçant les Juifs cachés, préparant des fosses communes pour les exécutions massives par balles. Ce chapitre sombre a été occulté pendant la période soviétique. Quelques condamnations furent prononcées à l’endroit de grands assassins non pas parce qu’ils avaient tué des Juifs mais parce que leurs victimes étaient d’abord considérées comme des citoyens soviétiques. Depuis l’indépendance (1990), le sujet reste tabou. Du moins hors des cercles académiques.

Une grande écrivaine lituanienne, Ruta Vanagaite, l’a brisé avec un livre destiné au grand public: «Notre peuple». Mal lui en a pris. Elle subit de violentes attaques. Sa maison d’édition vient de retirer l’ouvrage du catalogue et ne le livre plus. L’hostilité s’est encore accrue lorsque l’on a su qu’elle est liée à un chasseur de nazis israélien, Efraim Zuroff. Le point qui suscite le plus la polémique, c’est la mise en cause d’un héros de la lutte antisoviétique célébré en Lituanie, Adolfas Ramanauskas-Vanagas, accusé par l’historienne d’avoir participé aux tueries… et d’avoir aussi, plus tard, été lié au KGB.

Adolfas Ramanauskas-Vanagas en 1947. © DR

L’affaire fait d’autant plus de bruit que la communauté juive de Lituanie se reconstitue avec une nouvelle génération, souvent revenue des Etats-Unis. C’est toute la question du face-à-face avec sa propre histoire qui agite le pays. Comme le souligne le journal Lrytas: «La Lituanie n’a toujours pas tiré de bilan de son histoire tragique, elle préfère entretenir une vision manichéenne des événements du passé. Soit tu es un patriote, soit tu es un salaud. Tant que les historiens ne répondront pas à la question de savoir quelle proportion de Lituaniens et de partisans ont participé à l’extermination des Juifs, la Litanie et son opinion public resteront vulnérables aux attaques.»


Sur le plateau de Lrytas TV

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