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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Aux USA, la chasse aux livres «dangereux» se renforce


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Des auteurs supprimés, comme Noam Chomsky ou Anne Frank. Des sujets bannis, comme l'avortement et l'homosexualité, la lutte contre les discriminations et celle contre le racisme. Nos confrères du magazine italien «L’Espresso» relatent comment, dans l’Amérique trumpienne, des bibliothèques sont épurées de livres jugés dangereux pour la suprématie américaine.



Dans le nord du Kentucky, le Ku Klux Klan est considéré comme une «organisation culturelle». Protégée par l'inviolabilité du premier amendement, elle organise des événements, soutient les politiciens locaux et mène sa bataille pour la suprématie américaine afin d'éradiquer «le mal suprême de l'immigration illégale, de l'homosexualité et de toutes les pires faiblesses humaines, un combat qui construira un monde enfin débarrassé des juifs». Les épouses des membres de l'association culturelle Trinity White Knights − les chevaliers blancs de la trinité, un groupe du KKK – sont présentes dans les conseils scolaires de l'Etat, déterminant les choix éducatifs des enfants jusqu'à l'âge de l'université. C’est ainsi que des livres comme Le journal d'Anne Frank ou The Bluest Eye de la prix Nobel afro-américaine Toni Morrison ne sont plus en circulation depuis au moins deux ans.

La nouvelle croisade des fondamentalistes chrétiens

«Depuis 2020, plus de 10 000 titres ont été retirés des bibliothèques et des programmes de milliers d'écoles en Floride, au Texas, au Kentucky, en Alabama, en Georgie, en Indiana, au Mississippi, au Wisconsin, au Colorado. Les groupes fondamentalistes chrétiens qui soutiennent Trump et l'ont accompagné jusqu'à la victoire dans tous les Etats de ce que l'on appelle la "Bible Belt" – la ceinture de la bible – sont le moteur de cette bataille culturelle», explique L’Espresso.

Les Mama Bears sont un groupe de fondamentalistes créé en réaction aux restrictions sanitaires durant le Covid. Jenny Donnelly, prédicatrice charismatique de 50 ans originaire de l'Oregon, est leur leader. Son programme est clair: «Notre nation évolue dans une direction qui menace la liberté, en particulier celle de nos enfants et petits-enfants. Les garçons sont exposés à l'anxiété, à la dépression et à la pornographie produites par la culture LGBTQ qui a des racines démoniaques. Nous placerons de plus en plus de femmes dans les conseils d'administration des écoles afin de poursuivre le travail de libération des chaînes imposées par l'administration Biden, qui a déguisé en lutte contre la désinformation un plan diabolique de corruption systématique de notre identité. Protéger nos enfants des écritures blasphématoires qui infectent leur vie est un devoir.»

Quelques exemples de livres «dangereux»

«Trois lignes directrices guident le choix des livres à brûler, précise L'Esspresso. Sont exclus les ouvrages qui traitent de questions raciales ou évoquent les années d'esclavage, comme ceux de Robin Di Angelo. Sont également exclus les ouvrages considérés comme anti-américains, comme ceux de Bob Woodward et Noam Chomsky. Enfin, les livres qui remettent en question les «vraies» traditions et valeurs américaines. L'un des premiers titres à passer à la déchiqueteuse a été le célèbre The Handmaid's Tale (La Servante écarlate) de Margaret Atwood. Paru en 1985, il relate l'histoire d'un monde dévasté par les radiations atomiques, dans lequel les Etats-Unis sont devenus un Etat totalitaire, fondé sur le contrôle du corps féminin.»

Depuis l'élection de Donald Trump, le nombre de titres interdits a augmenté de 20 %. On le voit, aux Etats-Unis, la chasse aux livres ne fait que commencer.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@Alain Schaeffer 21.02.2025 | 10h15

«Merci pour la diffusion de cet article, c'est une information nouvelle pour moi.»


@Pipo 21.02.2025 | 12h39

«Cette censure scandaleuse , mais à l’autre extrême de l’échiquier politique, est du même ordre que celle de nos bobos bien pensants approuvant la cancelculture interdisant des BD telles que Tintin au Congo au nom de l’antiracisme !
Pierre Flouck
»


@JNSPQM99 21.02.2025 | 20h59

«L'exposition des enfants à la pornographie est un problème d'actualité.»