Analyse / Pas de paix sans justice. Pas de justice sans vérité
L’histoire passée a prouvé à maintes reprises l’importance du rôle de la justice et de son pendant, l’établissement de la vérité, pour établir une paix durable et authentique. Sauf que pour ce faire, il convient de s’attaquer d’abord aux mensonges, à la propagande et aux préjugés. Or nous en sommes très loin, tant en Ukraine qu’en Palestine.
On peut attribuer la cause de la guerre en Ukraine à la folie de Poutine et celle du conflit en Palestine à la barbarie intrinsèque du Hamas. Mais ce genre d’explication ne convaincra que les esprits partisans. Une guerre n’éclate jamais par hasard ou par caprice. Les raisons en sont toujours multiples, politiques, économiques, culturelles, sociales, émotionnelles. On peut en débattre sans fin. Pour la paix, l’équation est plus simple. On y parvient en remplissant deux conditions: la justice et la vérité. Simple à exprimer mais très difficile à réaliser.
Faisons un peu de philosophie
La justice est la condition de la paix: une paix durable ne peut exister sans justice. Lorsque des injustices subsistent, elles nourrissent la haine, les conflits et les revendications sans fin. De plus, la justice restaure l’équilibre social et répare les dommages, permettant ainsi aux individus et aux communautés de coexister pacifiquement dans la durée.
La vérité est la condition de la justice: la justice repose sur la vérité, car elle nécessite des faits établis et vérifiés pour évaluer les torts et prendre des décisions équitables. Raison pour laquelle on jure de dire toute la vérité, rien que la vérité dans les tribunaux. Sans vérité, les décisions risquent d’être injustes, fondées sur des erreurs, des mensonges ou des manipulations.
En période de guerre, la vérité permet de comprendre les causes profondes des conflits et de reconnaître les erreurs passées, favorisant la réconciliation. Elle permet surtout de reconstruire la paix sur des bases solides en reconnaissant les torts commis et les injustices subies par toutes les parties. Elle permet encore de dire ses quatre vérités à la partie qui se sent la plus forte en la renvoyant à ses responsabilités. Inversement, chercher une paix immédiate sans vérité ni justice ne peut que conduire à des accords superficiels ou déséquilibrés, qui voleront en éclats dès que les causes sous-jacentes du conflit réapparaîtront. Voir les effets délétères du Traité de Versailles.
Enfin, la recherche de vérité permet aux parties impliquées de tourner la page sans ressentiment et de consolider la paix, en évitant que des tensions latentes ne dégénèrent à nouveau.
En résumé, la paix, la justice et la vérité sont inséparables, car elles sont les piliers sur lesquels repose la stabilité et la dignité humaine. Ignorer l'un de ces éléments compromet souvent les deux autres.
Fin de la leçon de philosophie.
Le rôle délétère des médias dans la quête de la vérité
Vous voyez où je veux en venir: la recherche de la vérité étant la condition essentielle de la justice et celle-ci étant la condition d’un retour à une paix authentique et durable, il convient de s’attaquer d’abord aux mensonges, à la propagande, aux préjugés qui barrent le chemin vers la justice et la paix. Or nous en sommes très loin, tant en Ukraine qu’en Palestine. En principe, cette fonction de recherche de la vérité a été déléguée aux médias et aux journalistes dans les sociétés modernes. Pour des raisons diverses, l’immense majorité d’entre eux se sont fait les relais des pouvoirs et des intérêts en place, renonçant à leur mission de recherche de vérité, et cela dans tous les pays, à Gaza et en Russie certes, mais aussi, et peut-être surtout, en Ukraine, en Israël et en Occident.
Dans ces conditions on pourra signer autant de cessez-le-feu et d’accords qu’on voudra, ils ne tiendront jamais longtemps. Le plus fort, sûr de son impunité et de sa capacité à imposer sa version mensongère des faits, sera toujours prêt à les violer, et le plus faible attendra son heure pour riposter ou contre-attaquer. Les accords de Minsk de 2014 et 2015 n’ont jamais été respectés par les puissances occidentales et ont été utilisés pour réarmer l’Ukraine, comme l’a révélé Angela Merkel, et ceux du Liban avec le Hezbollah ont servi de paravent à la reprise des combats à Gaza.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@willoft 06.12.2024 | 06h20
«Il est dramatique que les accords de Minsk soient à nouveau évoqués pour une solution de paix.
Que de pertes en vies, en milliards et en temps.
l'Allemagne un des principales fauteurs en subit le retour de bâton, mais ça ne fera pas le beurre de l'Europe et encore moins en regard de l'état de la France.»
@Latombe 06.12.2024 | 10h03
«Je n'ai pas la prétention de Guy Mettan de faire de la philosophie, mais il me semble que la vérité et la justice ne peuvent de poursuivre, comme une quête, jamais terminée d'ailleurs, sans une période de paix. C'est ce qui a pu se produire par exemple en Afrique du Sud avec Desmond Tutu. La paix, fragile, injuste, asymétrique, imparfaite bien sûr, mais la paix d'abord avec un cessez-le-feu comme première étape oui.»
@MARTIN 06.12.2024 | 20h35
«« En principe, cette fonction de recherche de la vérité a été déléguée aux médias et aux journalistes dans les sociétés modernes. Pour des raisons diverses, l’immense majorité d’entre eux se sont fait les relais des pouvoirs et des intérêts en place… »
Une telle phrase dans la bouche de notre ami Mettan: on croit rêver! Aurait-il viré sa cutie, lui qui défend depuis des lustres ce cher Vladimir Vladimirovitch Poutine, lui qui défend Assad, lui qui s’est fendu très récemment dans BON POUR LA TETE d’un article dithyrambique sur la politique chinoise au Tibet, article à lire absolument si l'on veut comprendre ce que signifie « se faire les relais des pouvoirs et des intérêts en place » !
»
@Philemon 07.12.2024 | 08h48
«Faisons un peu de journalisme d'investigation. Je vous donne le titre de l'article : "La vérité sur la mort Anna Politkovskaïa, journaliste assassinée en Russie". Je vous laisse poursuivre la rédaction et me réjouis de vous lire dans BPLT.
»