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Média indocile – nouvelle formule

A vif


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Côté médias, il pleut tant de mauvaises nouvelles qu’on ne va pas se priver d’en saluer une bonne. Quittant «Le Temps», au regret de tant de ses lecteurs et lectrices, la grande journaliste Laure Lugon-Zugravu rejoint la petite et jeune équipe de la télé genevoise qui monte et que la profession a souvent saluée. A notre tour de saluer ici cette consœur.



Elle incarne le journalisme tel que nous l’aimons. Gagnée tôt par ce virus («j’ai longtemps eu le sentiment d’être payée pour pratiquer mon hobby!»). Formée sur le tas à La Liberté, au Nouveau quotidien, en marge de ses études en droit puis à HEI, elle a échappé aux écoles de journalisme et facultés de sciences sociales qui formatent les dernières générations de journalistes. Ayant vécu dans quatre cantons romands et en Roumanie, d’où vient son mari, le père de ses enfants ainsi familiers de l’Est, on ne s’étonne pas qu’elle ait le regard large. Portée au débat, jamais enfermée dans une certaine vision conformiste et moralisante. Quitte à choquer parfois les collègues. «Ce métier, explique-t-elle, c’est regarder le monde tel qu’il est et non comme on aimerait qu’il soit. C’est traiter des sujets qui intéressent des publics différents, pas seulement ceux qui plaisent aux pairs, que traitent les autres journaux et la RTS.»

On sait la ribambelle de problèmes qui accablent la presse, la radio, la TV de service public. Les ressources qui fondent, les patrons sans égards, la bureaucratie interne qui prolifère plus que les talents de plume, et bien sûr la vive concurrence des réseaux sociaux, Tiktok, Instagram et compagnie, les podcasts, les plateformes indépendantes sur le net. Mais Laure Lugon a raison: n’est-ce pas le moment de s’interroger aussi sur la pratique de nos métiers? Quand on voit comment la ligne pro-démocrate des prestigieux journaux de New York a été désavouée par la majorité des Américains… Troublant, non? Tendons mieux l’oreille à l’écrit de nos «tribus».

Quant au chahut des sites sur nos téléphones, plutôt que les maudire, mettons-y le nez. Même s’il faut se pincer souvent. Avec son fils et sa fille dans la vingtaine, Laure Lugon ne peut pas passer à côté. Elle y trouve grand intérêt. «Quand je vois que l’interview de Trump par Joe Rogan, longue de trois heures, a été vue par 50 millions de personnes sur Spotify et Youtube, je me dis qu’on ne peut pas ignorer un tel phénomène, ni se borner à le décrier.»

Nous ne manquerons donc pas les débuts de cette chère consœur à la télévision. Et nous retrouverons sa chronique hebdomadaire sur le site en chantier de Léman-Bleu.

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