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Culture

Culture / L’impossible deuil


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«Handling the Undead», Thea Hvistendahl, avec Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie, Bahar Pars, 98 minutes, 2024.



Lauréat du Narcisse du meilleur film au Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF), Handling the Undead a plutôt de quoi émerveiller qu’épouvanter. Le long-métrage de la jeune et talentueuse Norvégienne Hvistendahl est pourtant bien un film d’horreur, et même de zombies. Genre qui se caractérise volontiers par la terreur qu’il suscite, le sang qui gicle de toutes parts et bien souvent d’une sacrée dose de mauvais goût, quand ce n’est pas de stupidité totale. Mais ce film de zombies transcende sa catégorie: très esthétique dans sa forme, profond dans son fond, on ne peut pas dire qu’il fasse peur. Ce n’est pas son but. Sans pour autant le recommander à des enfants, j’inviterais tout spectateur adulte à contempler ce petit bijou, à condition d’accorder son regard à une certaine exigence artistique, et son esprit à une ouverture aux sujets les plus graves. C’est bien de deuil dont il s’agit, dans une ambiance morne, sombre et néanmoins magnifique. Un deuil que trois familles peinent à vivre. D’autant plus que par une nuit d’orages leurs défunts reviennent progressivement à la vie. Une vie qui reste néanmoins bien morte. Ce sont des zombies au regard vide, sans véritable expression faciale, et toujours suivis d’un essaim de mouches; l’odeur des corps pourris traverse l’écran. Les endeuillés les retrouvent et s’y attachent, mais non sans tristesse. Point de résurrection, mais une mort qui perdure malgré le corps animé des cadavres. Le danger est au tournant: car ne pas pouvoir vivre son deuil c’est mourir avec les défunts. Les zombies sont assoiffés de sang et tuent les vivants, c’est bien connu n’est-ce pas? Il faut pourtant accepter, dans les larmes et les cris, que ceux que l’on aimait le plus nous quittent, même si l’on voudrait leur chanter et rechanter ce refrain de Brel, «ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas.» «Nous nous reverrons. Je t’aime.»

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