Culture / La mythologie grecque au féminin
«L’Odyssée des femmes», Murielle Szac, Editions L’iconoclaste, 295 pages.
Tout le monde connaît les héros de la mythologie grecque, ses dieux menés par Zeus, un vieux et puissant barbu − un homme donc. Du côté des héros il y a Ulysse, par exemple, valeureux et malin, que la brave Pénélope a attendu sagement et fidèlement en tissant tandis qu’il s’ébattait entre les bras et les jambes de Circé. Murielle Szac se passionne tôt pour les mythes grecs, puis se rend compte que «ces histoires de batailles, de vengeances et de trahisons n’étaient que l’écume des choses, paravents virilistes masquant la réelle complexité des grandes figures qui hantent la mythologie (…) Au fil des siècles, des hommes ont accaparé les récits de l’Antiquité, les détournant au profit d’un ordre immuable: celui d’une vision du monde machiste…» Son livre ne va pas plaire à ceux – à celles aussi – qui jugent iconoclaste de remettre en question le patriarcat, qui voient un complot woke à chaque regard critique sur celui-ci. Les autres vont se régaler. Ils et elles découvriront par exemple la rebelle Artémis: «Ne jamais domestiquer la nature, ne jamais se soumettre à la domination masculine: avec ces deux principes, la sauvage Artémis est l’incarnation parfaite de ce que l’on nomme aujourd’hui l’écoféminisme…» Voilà que souffle un vent frais aussi sur la mythologie antique, chic! La déesse Athéna, souvenez-vous, a commencé par provoquer une grosse migraine à son père Zeus jusqu’à ce que celui-ci s’ouvre le crâne et qu’elle en jaillisse en poussant un cri de guerre (les filles rebelles et intelligentes font mal à la tête des pères autoritaires). Ma préférée est Atalante – c’est aussi le titre d’un très beau film de Jean Vigo (1905-1934). Libre sexuellement, déterminée, «elle donne espoir (…), elle nous pousse à croire en nos rêves les plus fous.» La relecture de la mythologie grecque proposée par Murielle Szac est tout à fait enthousiasmante.
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