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Le quotidien «Die Welt» et le mensuel «Cicero» publient des articles alarmants. La récession continue outre-Rhin. Et le tissu industriel se défait peu à peu.



Le sage journal conservateur parle franc: «L’Allemagne est en voie de devenir l’homme malade de l’Europe». Certes le ministre de l’Economie Robert Habeck veut croire que le PIB progressera légèrement ces prochains mois, mais la Bundesbank, elle prévoit, une nouvelle érosion. Et l’institut de recherches IFO précise que c’est la faiblesse de l’industrie qui menace l’avenir.

Cicero, mensuel fort sérieux, pose le diagnostic sous la signature de Daniel Gräber: «L’industrie allemande cherche à prendre le large. A cause du prix de l’énergie, d’une folle bureaucratie et d’une société fatiguée. La grande transformation menace de mal finir.» On ne compte plus les entreprises, de toutes tailles qui commencent à délocaliser ou envisagent de le faire. La rupture énergétique avec la Russie, l’abandon du nucléaire et la prolifération bureaucratique des normes «vertes»… Trop, c’est trop. D’autres horizons sont plus tentants. Les Etats-Unis tendent les bras aux industriels européens, offrant des coûts bas de l’énergie et une pluie de subventions aux nouveaux venus. La Chine aussi a encore beaucoup d’atouts pour les attirer. Le rêve d’un «miracle économique vert» s’est envolé. Il ne suscite plus l’enthousiasme mais la résignation et la frustration. Le patron de Aurubis qui produit des composants en cuivre à Hambourg annonce: «Je viens de signer un contrat aux USA pour 3 cents le kilowatt/heure. En Allemagne, il en coûte 12.» RW, le seul fabricant allemand de composants en silicium, si précieux à l’ère digitale, qui a besoin d’énormes quantités d’électricité, a déjà fortement réduit sa production et envisage d’y mettre fin. Cela dit pour les grands. Mais toute une chaîne de PME industrielles est entraînée dans le déclin général.

Comment un pays qui a trouvé la force d’un redressement spectaculaire après deux guerres mondiales perdues peut-il en arriver là? La réponse n’est pas que dans les tarifs de l’énergie. Elle est aussi dans les têtes, dans nos aspirations, dans nos lassitudes, dans nos fantasmes. Et pas seulement en Allemagne.

Le boss du groupe Stellantis (Citroën, Opel, Fiat, Jeep et Chrysler), Carlos Tavares, déclarait en mai à Bochum devant toute la branche automobile: «Dans dix ans, en Europe, nous servirons le café aux touristes américains et chinois.» Formule sans doute exagérée mais frappante.


Lire l'article original (Die Welt).

Lire l'article original (Cicero).

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 30.07.2023 | 22h35

«L'Europe, en s'alliant aux USA plutôt qu'à la Russie, a misé sur le mauvais cheval et va en payer le prix.»


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