Culture / Peut-on vivre libre à l’heure des algorithmes?
«Algocratie», Arthur Grimonpont, Editions Actes Sud, 288 pages.
L’humanité est plus interconnectée que jamais; nous avons plus de temps libre que nos grands-parents, explique l’auteur, mais nous avons délégué aux réseaux sociaux la charge d’organiser notre vie sociale, politique et culturelle. Le web a été mis en ligne en 1990, trente ans plus tard, 60% de l’humanité dispose d’un accès régulier à internet et ces 4,5 milliards d’utilisateurs passent en moyenne 6 heures et 45 minutes par jour en ligne. C’est vertigineux. Dans sa préface, l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici explique: «L’ouvrage d’Arthur Grimonpont a le mérite de nommer un problème – la restriction opérée sur notre perception du monde par les algorithmes des réseaux sociaux – qui est lui-même un obstacle à la compréhension d’un autre problème: le défi climatique, et plus largement celui des limites planétaires.» Algocratie aborde notamment l’économie de l’attention – «Les réseaux sociaux sont les plus puissantes machines jamais conçues pour extraire et garder captive l’attention humaine», la déjà forte présence dans nos vies de l’intelligence artificielle, différentes catégories de biais cognitifs – par exemple l’aversion aux risques, le fait que Facebook nous connait mieux que nos proches, les bulles informationnelles, la désinformation et la manipulation dont nous sommes victimes… Arthur Grimonpont cite Karl Marx, ce qui n’est jamais totalement inutile: «A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes: autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante.» Et son dernier chapitre s’intitule: Vers une algo-démocratie. «A charge pour nous de construire une démocratie de l’information.»
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