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Livre / Si beau et si triste, comme une bonne chanson country


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«La joie de l’ennemi», Julien Delmaire, Editions Grasset, 220 pages.



Ce beau roman a été inspiré à Julien Delmaire par l’écoute des albums de Townes Van Zandt (1944-1997), un chanteur-auteur-compositeur américain de musique country. Par certains aspects de sa vie aussi: Townes Van Zandt, comme Jeffrey, le personnage principal de La joie de l’ennemi, était polytoxicomane et a subi dans son enfance une insulinothérapie l’ayant plongé dans le coma et lui ayant fait en partie perdre la mémoire. Jeffrey vit seul dans une maison en haut d’une colline, quelque part aux Etats-Unis. Il est hanté par son enfance, par les coups de son père. Il est également hanté par le souvenir de Kathleen, la femme qu’il a aimée. Il a un seul ami, Seymour, un cow-boy noir. Jeffery a deux dons: il joue très bien de la guitare et a une connexion particulière avec les chevaux. Redoutable joueur de poker, il gagne ainsi le peu d’argent dont il a besoin pour se nourrir, boire beaucoup et acheter de la drogue. Ce récit est d’une tristesse extrême, comme un long sanglot surgit d’une chanson de Townes Van Zandt. Kathleen est le titre de l’une d’elle, qui parle d’héroïne (la drogue), et Seymour Washington (1896-1976) était un forgeron noir que connaissait Townes Van Stand. Dans ses délires, Jeffery se demande si Kathleen l’a vraiment quitté, ou s’il lui a fait du mal… Il y a bien sûr un shérif dans cette histoire, avec un adjoint corrompu. Un pasteur toxicomane aussi. Une femme vengeresse. De la violence. C’est un beau roman, il faut le redire. «N’appelez pas amour ce que vous parvenez à épeler, à circonscrire d’un trait – cet amour prémédité, mâché cent fois et rabâché, ne l’appelez pas. Convoquez plutôt les scintillements féroces, les jungles d’insomnie et les lèvres fraîches. Et l’haleine boisée et le suc et la sève.»


Kathleen par Townes Van Zandt

 

Extraits d'un documentaire tourné chez Seymour Washington

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