A vif / L'appât de la peau
La 3e édition du «Montreux Tattoo Convention» a réuni ce week-end 10 000 visiteurs et 160 tatoueurs, parmi lesquels des professionnels américains, coréens et japonais. La photographe Louise Anne Bouchard n'aurait raté ce rendez-vous pour rien au monde. BON POUR LA TÊTE VOUS OFFRE CET ARTICLE EN LIBRE ACCÈS
Lorsque je voyage, je m’organise toujours pour trouver une boutique de tatoueur. J’aime regarder les dessins aux murs, les photos des clients qui sont passés par là, feuilleter leur catalogue et bavarder avec ceux qui exercent ce métier. Dans ces endroits, j’ai vu de grands artistes à l’œuvre, des clients silencieux et d’autres grimacer de douleur: se faire tatouer la main ou la jambe ne semble pas être une partie de plaisir. Depuis des années, ce monde-là me fascine. J’ai toujours été bien accueillie dans ces boutiques, jamais on ne m’a interdit de photographier. Je n’ai pas de tattoo, je ne me suis jamais décidée. Et puis la peau vieillit, le tattoo se décolore, l’amoureux n’existe plus, et on se retrouve avec une histoire à recouvrir. C’est ce qu’on raconte partout.
Le mot «Bataclan» sur l'avant-bras
Pour la troisième année consécutive, je me suis retrouvée au Montreux Tattoo Convention: cent soixante artistes réunis, des centaines de clients qui avaient pris rendez-vous, parfois des mois à l’avance. J’en ai vu de toutes couleurs, de beaux tattoo et des moins beaux, mais cela reste toujours une question de goûts. Dans ce genre de convention on évalue l’âge du client bien plus à son tattoo qu’à sa tête: l’engouement pour le motif tribal triangle remonte à une vingtaine d’années, l’épidémie de bracelets tressés autour du bras près de l’épaule date de la même époque. Bien que j’aimais leur musique, il ne me serait jamais venue à l’idée de me faire tatouer la tête de Mercury ou Zappa sur l’épaule. Plus touchant, ces deux jeunes hommes qui arboraient le mot «Bataclan» sur leurs avant-bras. Mais il semble que la vraie tendance chez les moins de 40 ans c’est le tattoo vintage, apparu dans les années 30, aujourd’hui revisité par des couleurs vives, notamment le rouge: pin-up, ancre de marin, danseuse hawaïenne sous le palmier, etc. J’avoue c’est beau, c’est frais.
Il ne me viendrait jamais à l’idée de demander à quelqu’un le pourquoi du choix de son tatouage. Ce que je vois sur la peau de l’autre me parle ou pas. Et souvent je trouve cela très beau. Mais plus indélébile qu’un tattoo, c’est ma peur des aiguilles.
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