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A vif

A vif / L’Iliade selon Voïta


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Au Kléber-Méleau, Michel Voïta parle avec passion de ce texte d’Homère qui s’est d’abord transmis dans l’oralité.



Le hall d’entrée du TKM est absolument magnifique.

Michel Voïta est un habitué des lieux depuis plusieurs semaines: il prépare la mise en scène de L’Iliade le choix d’Achille. A quelques heures de la première, il y a de la nervosité dans l’air.  On ne remanie pas un texte vieux de 3000 ans sans crainte d’abîmer les héros. Dans cette version que propose Voïta, (co-écrite avec Domenico Carli) le metteur en scène a délibérément supprimé les dieux, pour responsabiliser davantage les personnages d’Homère.

Fort d’une dizaine de mises en scène, Michel Voïta aime le théâtre et les comédiens. Il considère que le jeu théâtral est un acte de désobéissance. Il se moque en sourdine des mises en scène trop lourdes et préfère un théâtre voyou, refuse la lourdeur tout en restant extrêmement exigeant. Il sait mieux que quiconque qu’un spectateur qui renonce au théâtre mettra des années à y revenir.

Il parle avec passion de ce texte d’Homère qui s’est d’abord transmis dans l’oralité. Me rappelle au passage que les gens ont perdu en mémoire lorsqu’ils se sont mis à lire. Et cette grande question qui traverse la pièce et la vie elle-même: est-il préférable de vivre une vie courte et bien remplie, plutôt qu’une vie longue sans défis ni émotions? Il reconnaît que c’est une question qui le taraude et qu’il a mis beaucoup de son inconscient dans ce texte revisité.

Jusqu'à la première, tout reste secret

Il ne joue pas dans la pièce, considérant que cette machine est trop lourde pour faire les deux. Il dirige sept comédiens dans L’Iliade et on sent que Michel Voïta a l’humilité des grands lorsqu’il refuse de se faire photographier seul pour illustrer cette chronique. Décorateur, éclairagiste, costumière, il souligne l’importance de chacun pour cette mise en scène. Les commentaires qui fusent à propos du metteur en scène Michel Voïta sont de l’ordre de: gentillesse, générosité, exigence, humanité.  

On ne peut pas regarder Michel Voïta sans penser à Camus ou à Proust. C’est qu’il a fait des centaines de lectures-spectacles pour faire connaître davantage les textes de ces géants. Il était seul sur scène à porter des mots fabuleux, seul à être dans la lumière, seul face à une salle remplie. Encore immensément seul lorsque le trou de mémoire se dessine. Il ne fera plus de spectacle solo.  Il aime mettre en scène, réaliser, une série peut-être.

Pour l’instant, Homère prend toute la place du quotidien de Michel Voïta. Il se lève, va vers la salle de maquillage, puis sur la scène vérifier l’éclairage. Jusqu’à la première tout reste secret, et de la mise en scène et de l’évolution des comédiens sur scène.


Le travail et la passion de Michel Voïta sont à découvrir dès ce mardi 27 février et jusqu'au 18 mars Théâtre Kléber-Méleau. L'Iliade le choix d'Achille: billeterie

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Paps 26.02.2018 | 07h13

«Oui le théâtre c'est comme la vie où l'on passe la première moitié à se contorsionner pour entrer dans le moule et l'autre à en sortir.»