Culture

Il y a même des chefs-d’œuvre parmi les films policiers. La preuve avec ce classique du genre, remis à l’honneur le mois dernier sur Netflix, Heat de Michael Mann. Vingt-huit ans après sa sortie le film est apparu sur la plateforme, et ce n’est pas par hasard. La suite, Heat 2, vient de paraître en roman au mois d’août, toujours avec Michael Mann aux commandes. La traduction française est attendue pour le mois prochain en libraire. Le réalisateur promet aussi une adaptation cinématographique prochaine. Avec ou sans les deux colosses vieillissants – mais toujours géniaux! – De Niro et Pacino, il y a de quoi se réjouir d’une suite où toutes les portes sont ouvertes, de l’exploration du passé au passage de la nouvelle génération de flics et de gangsters. Mais que vaut une telle réjouissance? Qu’est-ce qui fait de Heat une perle en son genre? Au niveau des images, on reste dans du classique pour les scènes de coups de feu ou de combats, mais la caméra devient plus lyrique et fine lors de certaines prises d’images sublimes, notamment lors du premier baiser entre le gangster joué par De Niro et sa jeune conquête. En parlant d’amour et de relations, c’est ce qui fait la grande richesse du film. Dans cet affrontement permanent entre les flics et les gangsters, le scénario insiste beaucoup sur l’amitié qui unit et les flics et les gangsters entre eux, dans deux scènes parallèles où ils mangent ensemble dans un restaurant avec les familles. Juste après, bon nombre d’entre eux, des deux côtés, périssent dans l’affrontement. Heat raconte aussi comment une histoire d’amour peut bouleverser les plus grands plans de carrière. Ou comment au contraire «pour faire ce métier, il faut savoir quitter ceux qu’on aime le plus en 30 secondes, montre en main». Le film embrasse là une veine sociale et quasiment anthropologique en évoquant l’absence du père et ses ravages. Et le clou, c’est la fraternité déchirée. Deux frères qui s’envisagent et s’affrontent, non sans drame, pour poursuivre leur mission.