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Culture

Culture / Blake & Mortimer, un petit plaisir coupable

Patrick Morier-Genoud

9 décembre 2022

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«Huit heures à Berlin», Jean-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental, Antoine Aubin, Editions Blake & Mortimer, 64 pages.



Avouons-le, il y a chaque fois un petit plaisir coupable à lire le Blake & Mortimer de l’année. Coupable parce qu’un nouvel album se retrouve en rayon tous les mois de décembre aussi sûrement que les décorations de Noël, et qu’on a beau se donner un genre, on cède à l’injonction marchande comme n’importe quel blaireau. Edgard P. Jacobs, l’auteur à l’origine de la série, est mort depuis 35 ans mais ses héros sont toujours là, consacrant leur vie à lutter contre le mal – qui vient le plus souvent de l’Est – sans l’ombre d’un doute ni aucun regard critique sur eux-mêmes. Mais le plaisir est malgré tout là. Cette bande dessinée ne se prend pas pour un roman graphique, c’est un bon début. Dessins et scénario sont d’une efficacité artisanale, il n’y a aucun second degré, c’est plaisant. Surtout, un des plus magnifiques méchants de toute l’histoire de la BD renaît régulièrement de ses cendres: l’infâme, le cruel, le cynique colonel Olrik. Un méchant tellement méchant qu’il tue même les méchants un peu moins méchants que lui. Olrik, c’est le négatif à l’œuvre, c’est la destruction qui se passe de création. Pourtant, sans lui, Blake et son fidèle Mortimer – à moins que ce soit l’inverse – seraient inexistants. Les aventures du professeur et du directeur du MI5 britannique se déroulent toujours dans un environnement historique crédible. Dans Huit heures à Berlin, il s’agit de la guerre froide et de la visite en Allemagne de John F. Kennedy. Les Russes sont bien sûr les méchants. Mais quand même pas aussi méchants qu’Olrik…                    

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