Actuel / Le Tour de France de passage en Suisse, quel impact?
Ce week-end, le Tour de France fait escale en Suisse romande pour deux étapes consécutives, une arrivant à Lausanne ce samedi et l’autre partant depuis Aigle le lendemain. Au-delà de l’aspect «événement sportif» et fête populaire pour les habitants qui vont voir passer et accueillir la plus grande course cycliste du monde, quel est l’impact pour une région qui accueille pour quelques étapes le Tour de France?
Ces dernières années, à chaque fois que le Tour de France passe en territoire étranger, c’est un événement, une fête populaire. Dernier exemple en date, le Grand Départ du côté du Danemark pour cette 109ème édition. Des centaines de milliers de personnes au bord des routes lors de chaque étape et un succès considérable pour les organisateurs. Car ne nous y trompons pas, le Tour de France n’est pas une course cycliste comme les autres. Recevoir le Tour de France dans sa région pour une ou deux étapes, c’est comme avoir les Jeux Olympiques le temps d’un week-end en terme d’exposition médiatique! Rendez-vous compte: des images retransmises dans plus de 190 pays dans le monde, des centaines de médias nationaux et internationaux, des milliers de journalistes, des dizaines de millions de vues sur les réseaux sociaux, des hélicoptères qui filment la région pendant des heures, des images des principaux monuments ou ouvrages d’art, etc.
En terme de publicité à ciel ouvert, difficile de faire mieux que le Tour de France et cela, les organisateurs et les responsables du tourisme des différentes régions l’ont très bien compris. Ce week-end, même si ses sportifs ne brillent pas, la Suisse sera au centre de l’attention médiatique et sportive du monde à l’occasion des deux étapes qui passent par nos régions. La Vallée de Joux, Lausanne comme capitale olympique, Aigle et le siège de l’UCI, le château de Chillon, la Riviera, les vignobles en terrasse du Lavaux, la Gruyère, le Pays d’Enhaut et le Val d’Illiez seront mis en avant dans le monde entier si la météo est au rendez-vous. Une carte de visite exceptionnelle pour une bonne partie de la Romandie, qui peut s’attendre à des retombées économiques substantielles dans le secteur touristique à court et moyen termes.
Cependant, tout cela a un prix et l’entreprise ASO, qui organise le Tour de France, se rentabilise en faisant payer relativement cher aux villes de départ et d’arrivée leur présence sur le parcours. Plus de 65’000 euros pour un départ d’étape, plus de 120’000 pour une arrivée, plus de 160’000 pour être ville départ et arrivée. Tout cela sans compter ce qu’il faut investir dans la logistique d’organisation de l’épreuve phare du mois de juillet. Sécurité, nettoyage, aménagement de la signalisation routière, implantation du village-départ, réfection des routes, locations, etc. Tout cela représente un budget qui, en temps de difficultés économiques, peut faire réfléchir et gronder une partie des élus et représentants municipaux. D’autant plus qu’il n’y pas le droit à l’erreur! En effet, les villes et régions se bousculent chez ASO pour avoir la chance d’accueillir le Tour de France et si l’organisation n’est pas au top, difficile d’imaginer l’organisateur vouloir revenir rapidement dans une province étrangère au territoire tricolore pour y faire passer une ou plusieurs étapes. Pour preuve, bien qu’étant un pays frontalier d’avec la France et possédant un terrain propice à la pratique du cyclisme, il n’y a eu que 33 villes départs et arrivées d’étapes en Suisse depuis 1947 et le premier Tour d’après Seconde guerre mondiale. La dernière fois, c’était en 2016 pour une arrivée spectaculaire en haut du barrage d’Emosson vers Finhaut. Il semble d’ailleurs qu’ASO apprécie de plus en plus la Suisse pour y organiser des étapes car la fréquence des apparitions du Tour en Suisse a sensiblement augmenté depuis la fin des années 2000 (rien entre 2001 et 2008 puis 4 passages entre 2009 et 2022).
Ne boudons donc pas notre plaisir de voir notre région profiter de l’exposition exceptionnelle qu’offre le passage du Tour de France. Nul besoin d’être fan de sport et encore moins de cyclisme pour profiter d’un événement populaire et «gratuit» (en dehors de l’investissement public pour l’organisation). Même si les temps ont changé, le cyclisme reste un sport très populaire et qui peut être pratiqué par une grande majorité de la population, chacun à son niveau. Et c’est également l’occasion de mettre en valeur, au bord des routes et au village-départ, les spécificités de notre région et de notre mode de vie. A chacun qui souhaite aller au bord des routes encourager les coureurs de se comporter le mieux possible afin que la course et l’image de notre pays restent immaculées après le passage des coureurs et offrir la meilleure vitrine sportive et culturelle possible.
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