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Média indocile – nouvelle formule

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Il y en a de tous poils, des plus détestables aux plus convenables. Ils envahissent la scène politique dans plusieurs pays d’Europe, chez nous aussi. Des discoureurs de tribunes ou de rues qui n’ont qu’une chose à dire et la répètent comme un moulin à prières. Mais que se passe-t-il donc dans leur tête? De Eric Zemmour à Alain Berset.



La star de la campagne présidentielle française, agitateur médiatique fort habile, Pied Noir d’origine, paraît capter les faveurs des électeurs de Marine Le Pen et d’une partie de la droite. Il se fait entendre en tapant fort sur un seul clou. L’immigration. Surfant sur un réel problème d’intégration trop longtemps négligé. Son rêve: renvoyer «chez eux» des Arabes, des Noirs, les Musulmans qui lui font horreur. Son obsession: restaurer une France pure, délestée de tous les péchés de l’histoire, y compris le pétainisme, lui rendre sa puissance d’autrefois. Un baratin emphatique sans propositions concrètes.

La politique de la proclamation tonitruante

Tout a été dit sur ces velléités nauséabondes et irréalistes. Mais il est fascinant de voir les médias subjugués par un discours aussi monomaniaque. Sieur Zemmour ne parle quasiment pas d’économie, d’écologie, de politique internationale. Il a bien quelques petites idées sur ces sujets, entraperçues ici et là. Mais il sait qu’elles pourraient diviser. Alors il centre tout son propos sur le prétendu «grand remplacement»… des Français par les «bougnoules». Cela fonctionne auprès de bien des gens en désarroi, délaissés, amers, inquiets. Un truc qui a trop bien marché dans le passé. Impossible de ne pas se souvenir d’un autre monomaniaque qui rabâchait que «tout est de la faute aux Juifs » et qui promettait aux Allemands que tout irait mieux avec la suprématie du Reich…

Cette politique de la proclamation tonitruante suffira-t-elle au bavard de CNews à se rapprocher de l’Elysée? C’est douteux bien qu’il réunisse maintenant des compétences complices, beaucoup d’argent et des appuis médiatiques. A ce propos, on vient d’apprendre que Vincent Bolloré, le patron milliardaire de Paris-Match et du Journal du Dimanche place à leur tête deux nouveaux directeurs au passé d’extrême-droite. En attendant, il peut déjà se réjouir de deux succès. Marine, la rivale sur son terrain, paraît en burn out. La bonne vieille droite s’affole et lui court après. Jusqu’à l’austère Michel Barnier, négociateur européen du Brexit, qui condamne les provocations de la Pologne et propose néanmoins que la France se libère aussi des principes de l’UE en matière d’immigration. L’opportunisme à ce point n’est guère plus ragoûtant que la rigidité idéologique. Celle-ci peut devenir une armature mentale définitive, on l’a vu tant de fois. Elle peut aussi résulter d’un calcul cynique. Un mécanisme à voir de près.

Le cas Alain Berset

Pardon à qui se choque du passage au cas de notre Alain Berset national. Il est heureusement aux antipodes du personnage précédent. Mais il y a de quoi s’interroger sur son fonctionnement public. Le chef du Département fédéral de l’intérieur, omniprésent dans les médias depuis plus d’un an et demi, ne parle, à de rares exceptions près, que de santé. Pas de tous ses aspects d’ailleurs. Mais de son obsession actuelle: le vaccin.

Quelle que soit notre opinion sur sa nécessité, sur son innocuité ou sur ses risques et ses limites — ce n’est pas le sujet ici — comment ne pas être frappé par cette fixation obsessionnelle? Comme si le salut de l’humanité était tout entier entre les mains des génies de Pfizer et Moderna? Pas un mot sur la prévention, alors qu’une bonne santé diminue bien sûr les risques, pas un mot sur les traitements traditionnels que tant de médecins généralistes pratiquent souvent avec succès, ni sur les nouveaux médicaments en préparation. La ritournelle, reprise en chœur ou inspirée par une armada de spécialistes choisis, ne cesse de s’amplifier. L’abonnement vaccinal, rendu de facto obligatoire, c’est pour bientôt! Qui peut s’étonner dès lors qu’une partie de la population se cabre? Suffit-il pour faire taire ces rebelles de les traiter de complotistes, de dingues, de subversifs? Ceux-ci, il est vrai, comptent parmi eux beaucoup de personnes qui chavirent, elles aussi, dans l’obsession, abandonnant tout recul, noyées dans les infos du net, pourries ou pertinentes, qui vont dans le sens du méga-complot des forces obscures.

La responsabilité politique suppose un autre exercice intellectuel. Prendre en compte tous les aspects d’une question. La traiter en gardant un œil sur les autres qui perdurent. Embrasser les contradictions avant de dégager l’issue possible et soumettre celle-ci à un vrai débat. Précisément ce que ne fait pas le conseiller fédéral Berset. S’en tenir à «vaccinez-vous et tout ira bien», c’est un simplisme indigne d’un dirigeant de ce niveau.

Pendant ce temps, tant de dossiers dont il a la charge poireautent. L’assurance-maladie? Elle reste injuste, coûteuse, avec une ribambelle d’anomalies, de disparités, de surcoûts, de réserves excessives. L’AVS? L’urgence de sa réforme est reconnue de tous, mais où sont les propositions concrètes? Que pouic. La prévoyance professionnelle? Là aussi, des changements nécessaires… et le grand bleu. La culture? On l’oublie vite, celle-là. Son office n’a pas de directeur ou directrice. On attendra. Et le régime des fondations dont on sait que certaines permettent surtout à de grandes fortunes d’échapper à l’impôt? N’en parlons pas, ce serait vraiment trop pour le ministre monomaniaque.

Les idéalistes de la démocratie suisse s’imaginent que chacun des Sept Sages a aussi le souci, au-delà de son département, du sort général du pays. Que pense Alain Berset de la relation à l’Europe, du positionnement face aux Etats-Unis et à la Chine par le gros temps qui s’annonce? S’il a une réponse, qu’il l’envoie «par message privé» pour ne pas distraire le bon peuple de l’urgence de la seringue! Ce sont plutôt les les affaires du malheureux Cassis, dites-vous? Alors là, gare à nous, on n’est plus dans la monomanie, on est dans la bouillie politique passée au mixer. Ce n’est guère plus réjouissant.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

11 Commentaires

@Voisine d'éoliennes industrielles 22.10.2021 | 08h41

«"Simplement indigne d'un dirigeant de ce niveau". Voici exactement ce qui me stupéfie actuellement dans le monde politique. Nous sommes face à des défis extraordinaires et nous nous retrouvons face à des dirigeants obsédés par des dossiers ou des objectifs irréalistes et incompréhensibles, le plus souvent dictés par des lobbys, le moins souvent par le bon sens. Cela ressemble à de la procrastination. Des types comme Zemmour profitent de ces aveux d'impuissance pour semer la haine en désignant des coupables , la peur et l'insécurité aiment les coupables. Les dirigeants actuels sont incapables de rassembler. Ils visent une majorité, même infime, pour justifier leur politique, tout ce qui est en dessous des 50,01% dont ils ont besoin, ils s'en moquent. Cette négligence pour la minorité affirmée ou silencieuse, est une des conséquences de la main mise de l'économie sur la démocratie. Les minorités écartées des débats, victimes des décisions, ils ne pourront pas toujours les balayer avec des chiffres. La résilience qu'ils visent est une insulte à la démocratie et aux savoirs. À croire qu'ils ouvrent la porte au pire dans le seul but de développer une répression qu'aucune démocratie digne de ce nom n'aurait jamais imaginé. De ce point de vue, ils ont fait des pas de géant ces derniers mois.»


@Bichon 22.10.2021 | 09h33

«Merci Monsieur Pilet pour cet article très pertinent. Cependant, j'y détecte une erreur: Alain Berset ne parle pas de santé, mais bien de MALADIE. S'il voulait prendre vraiment soin de notre santé, il encouragerait les mesures de prévention du Covid (zinc, vitamines, etc) et n'interdirait pas le recours à des médicaments comme l'Ivermectine qui, dans nombre de pays est utilisée avec succès. Ce simple fait montre bien que ses intérêts sont ailleurs.»


@horace 22.10.2021 | 13h21

«Deux poids, deux mesures! nous sommes loin de la sérénité, de la tenue et du bon sens que j'apprécie tant depuis mon inscription à Bon pour la tête. Ce parallèle est idéologiquement orienté, et tendancieux entre un publiciste qui essaie de remettre "l'église au milieu du village" et un politicien nanti qui présente toutes les tares des systèmes qui nous gouvernent.
Pour Zemmour , que de haine dans ce portrait caricatural, pourri d'idéologie, n'hésitant pas à aller jusqu'à la "réductio ad hitlerum".! Ah! les heures les plus sombres de l'histoire! si elles n'existaient pas, vous les inventeriez... Zemmour en nazi...ce serait risible si ce n'était ridicule:. Votre éditorial ne déparerait pas Libération, le Monde et toutes les stations radios officielles et bien-pensantes françaises qui excluent le journaliste! Tout cela parce qu'il pose la question essentielle: la France veut-elle rester la France.? Et cette question primordiale est liée étroitement à celle de l'immigration extra-européenne, question mise sous le boisseau depuis 40 ans par des politiciens issus des milieux financiers, pour qui le bien commun n'existe pas. Prenez un train de banlieue parisienne et vous toucherez cela du doigt. En bref, au lieu d'une analyse sereine, un procès en règle, ou plutôt une exécution..
Pour Berset, représentant de commerce chez Pfizer et Moderna, politicien corrompu et actif dans les lobbies pro -union Européenne, le ton change... Il est feutré, les reproches sommes toutes secondaires, et surtout, pas un mot sur l'affaire Berset, qui apparait comme un scandale méritant l'expulsion immédiate des instance gouvernementales, mais dont, mis à part le Weltwoche, personne ne parle...

»


@pa.nemitz 22.10.2021 | 17h46

«M Pilet vous me désolé. Vous aussi vous vous répétez. M Berset assume sa responsabilité de ministre de la santé. La population suisse n'est pas un exemple en Europe. Quant à ceux qui veulent parler de diktat de CF, il devrait peser leurs paroles à l'aune du régime de Loukachenko. Et que penser des Etats qui ont voulu lever les mesures sanitaires et qui se retrouvent aujourd'hui confrontés à une nouvelle vague de Covid (Voir le Temps de ce jour...)
Ne parlons plus des rumeurs solutions relevant de la poudre de perlinpinpin. Actuellement il n'y a pas de réelle alternative à la vaccination. Ne possédant pas les compétences scientifiques requises je crois qu'il est sage de laisser la parole aux personnes qualifiées. A contrario apportez donc une esquisse de solution si tant est que vous ayez quelque chose de concret à proposer.»


@Pipo 22.10.2021 | 17h54

«Excellent article comme souvent. J’y relève cependant une imprécision minime, mais qui dans le contexte actuel, me semble importante: Àlain Berset et ses conseillers médicaux persistent dans leur obsession vaccinale, mais reconnaissant implicitement les limites de cette politique, commencent à parler de traitement en évoquant les anticorps monoclonaux. Ceux-ci seront peut-être prometteurs, mais on n’ a que peu de recul dans cette indication, sont probablement coûteux sans que l’on connaisse vraiment leur efficacité. Je n’ rien contre le fait de les essayer, mais pourquoi freiner voire interdire les autres traitements décriés par les dogmatiques medico-universitaires, alors qu’au pire ils seraient inefficaces, mais sans effets secondaires sérieux et bon marché ; nombre d’études semblent montrer leur intérêt si ces traitements sont donnés suffisamment tôt.
Je précise que je ne suis pas antivaccins et que ceux-ci sont justifiés chez les patients à risques, y compris la 3 eme dose ; par contre la vaccination de masse, comprenant donc les jeunes, me paraît déraisonnable , de même que l’optention d’une immunité collective pour éradiquer ce virus utopique.
DrP.Flouck
médecin retraité »


@moncoach 22.10.2021 | 20h08

«Avant, j'admirais M. Berset que je croyais suffisamment intelligent pour avoir une vision systémique de notre pays et oeuvrer au bien-être de tous, c'est bien ce dont se réclament les socialistes? Sa gestion de la pandémie m'a fait déchanter. Comme le dit Bichon, il paraît enfermé dans une seule obsession, la maladie, et semble tout faire pour entretenir la peur et nous faire accepter progressivement d'être malades en permanence et dépendants des produits coûteux des pharmas, que ce soit le vaccin ou les médicaments. De quoi voter non le 28 novembre.»


@willoft 24.10.2021 | 08h12

«Sans nul doute, un Conseil Fédéral monomaniaque et le plus nul depuis longtemps.
Aucune vision, comme le Parlement.

Sinon, il est tout autant monomaniaque de tirer sur l'ambulance.»


@Maryvon 24.10.2021 | 12h03

«Comme très souvent, M. Pilet, j’adhère sans réserve à vos propos. J’ajouterai que M. Berset n’est hélas pas le seul à faire une fixation sur le Covid. En effet, les médias traditionnels ont démontré pendant plus de 18 mois qu’ils n’avaient que très peu d’autres sujets à développer. Il faut relever une légère amélioration ces trois derniers mois. Seuls les médias d'outre Sarine, ont fait preuve d’audace et de curiosité. Concernant la couverture sanitaire par nos journalistes « mainstream », l’Europe compte environ 50 pays dont 27 font partie de l’UE. Seuls 7 ou 8 pays ont été mentionnés pendant la crise sanitaire. Et ne parlons même pas d’économie, de politique en général, là, c’est le néant. Je ne sais pas comment vous faites, M. Pilet, mais pour ma part, je suis désespérée. Maryvon»


@Bournoud 25.10.2021 | 21h45

«Les commentaires sur les discours d'Éric Zemmour sont à juste titre commentés et surtout contestés par M. Pilet. Par contre , les commentaires proposés sur les propos d'Alain Berset par le même commentateur, et qui peuvent être mis en parallèle avec ceux d'Éric Zemmour me paressent excessifs voir même toxiques.
Je m'explique: On ne peut pas mettre, dans le même article, ni même dans le même registre, les propos d'un polémiste d'extrême droite, qui de plus est ouvertement raciste et xénophobe, qui (a) profite(é) du "porte voix" de CNew, et les propos, responsables (osons le terme) du Ministre chargé de la santé publique de notre pays. Ceci est un autre débat qui n'a aucun rapport.
M. Pilet nous avait habitué à plus de finesse dans ses commentaires tant politiques que géopolitiques., et cette prise de position me déçoit à titre personnel...
Pour ma part, concernant la "gestion" de la Covid par notre gouvernement, je considère que "job" a été accompli (en comparaison avec nos voisins, c'est plutôt mieux...), que les appel à la vaccination sont plus que justifiés, dans la mesure ou aucune autre solution n'est actuellement crédible pour sortir de cette crise.
Celà-dit, ce n'est pas parce que je soutiens à titre personnel la politique sanitaire que M. Berset nous propose, que je soutiens la politique générale Conseil Fédéral . Ces derniers mois ont été riches en événements (non à l'accord-cadre avec l'UE, l'option d'achat d'avions militaires américains...) et je ne peux que m'inquiéter de la place que la Suisse pourra conserver au de cette Europe, à laquelle, que l'on le veuille ou non, nous faisons intrinsèquement partie... Mais ceci est est un autre débat!
Rémy Bournoud
Prangins»


@Michel Finsterwald 28.10.2021 | 09h43

«Magnifique synthèse au parfum de "quand la pensée unique devient un TOC, même chez les meilleurs d'entre nous".»


@ecocit 31.10.2021 | 21h59

«Contrairement à Horace, je trouve le parallèle entre Zemour et Hitler abordé par Jacques Pilet tout-à-fait pertinent.
Les deux sont des agitateurs qui surfent sur le mécontentement d’une partie de la population et la haine de l’autre (étranger, juif, arabe, homo, etc).
Différences néanmoins entre Zemour et Hitler: Zemour ne se focalise que sur le thème du racisme alors qu’Hitler abordait, en plus, quantité d’autres sujets dans ses discours: économique, pauvreté, causes historiques des malheurs de l’Allemagne, lutte contre les communistes, expansion territoriale vers l’ Est, etc.
»


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