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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Humeurs distinguées à contre-courant

Antoine Thibaut

26 octobre 2020

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Cessons de croire que seuls des allumés de la contestation grommellent contre les mesures prises par la Confédération et les cantons. Des voix fort autorisées s’ajoutent au concert.



Ainsi Eric Gujer, le grand patron de la Neue Zürcher Zeitung publie un commentaire épicé (23/10/2020). Extraits.

«L’organisation d’un voyage en Europe est devenu depuis longtemps une science en soi. Les règles sur le franchissement des frontières s’apparentent à un labyrinthe qui laisse aussi désemparé et désécurisé que les personnages de Kafka.»

«Il ne s’agit pas, comme le ministre suisse de la santé l’affirme ingénument de «continuer à travailler et à vivre, juste un peu autrement». Si les entreprises freinent leurs investissements, si des branches comme la gastronomie et la culture perdent l’espoir d’une amélioration, si s’annonce une vague de faillites, tout sera fondamentalement différent . Il s’agit, en dépit de la nonchalance du ministre, d’un état d’urgence, même sans lockdown.»

«Le noyau de la vie personnelle n’est pas quelque chose que les organes étatiques peuvent contraindre à la carte. Il y faut des règles plausibles, applicables et juridiquement justifiées. Or cela manque. Zurich a interdit de danser la salsa, mais pas le tango. On exige la quarantaine après une visite à l’étranger mais pas à l’intérieur de la Suisse. Quel est le Moloch des autorités qui prétend garder le contrôle de milliers de passages à la frontière?»

«L’Etat de droit n’est pas un obscure empire où valent certaines règles, certaines juste un peu et d’autres pas du tout. En fin de compte l’ordre juridique se base sur une bonne part de volontariat. La liberté veut dire aussi la possibilité de se comporter différemment de ce que souhaite la société. Qui mise sur la volonté personnelle doit admettre des infractions à l’obligation des masques et des distances. Oui, l’infraction fait partie du système, sinon ce serait un régime de contrainte. La liberté sans abus n’est pas imaginable. Seules les dictatures visent au contrôle total.»

«Comme actuellement les chiffres des infections grimpent, les administrateurs de la riposte donnent le ton. Cela leur vaut toujours plus d’applaudissements, particulièrement dans le spectre de la gauche où se développe le désir masochiste de la mise sous tutelle. De ce côté on a toujours su que seul l’Etat peut diriger.»

«Ce paradoxe appartient aussi à la pandémie: plus l’on parle d’interdictions, plus il apparaît clair que la protection de la santé repose sur la volonté personnelle (…) On dit que la première victime de la guerre, c’est la vérité. Il ne doit pas en aller de même dans la guerre contre le virus, à l’encontre de l’obligation juridique et de la consultation démocratique. Sinon le combat contre le Covid tournera en un cauchemar bureaucratique que Kafka n’aurait pas pu mieux imaginer.»

A Genève, notre excellent confrère Pascal Décaillet, la star de Léman Bleu, publie un pamphlet sur son blog.

«Les grenouilles qui réclament un confinement, elles ont le salaire qui tombe à la fin du mois! L'économie, elles s'en foutent! La production de richesses, l’immense effort sacrificiel qu'il faut pour cela. Il suffit à leurs yeux de confiner tout le monde, et les payer à rien foutre en allant puiser dans les réserves de la Banque nationale.

Mais comment peut-on être à ce point déraciné des réalités économiques? Comme si l'argent, manne divine, tombait du ciel!

Comme si la prospérité de notre pays était un acquis pour l'éternité, et non le fruit d'un combat acharné.

Le confiné est passif. Il se terre, en attendant que passe la tempête. Il subit son destin. L'entrepreneur est acteur de sa vie. Il tente. Il prend des risques. Il va voir.

Pire que le confinement: l'esprit du confinement! La complaisance du confiné avec son propre statut de reclus. Et en plus, ces immobiles, entre deux délations parce que, de leur fenêtre, ils ont aperçu un groupe dans un improbable square, ont le culot de nous faire la morale!»

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2 Commentaires

@Choui65 26.10.2020 | 08h08

«Un seul mot : merci !!!»


@LEFV024 26.10.2020 | 17h58

«Oui, l'heure est grave. Sommes-nous encore LIBRES ?
Moi, je préfère avoir une fois la toussette et avant et après pouvoir travailler, c'est-à-dire voir du monde entre autres, pour "faire des affaires" pardi!»


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