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Actuel / Ces avocats qui pénalisent l’économie

Jacques Pilet

30 décembre 2019

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Le nombre des avocats en Suisse ne cesse d’augmenter. Il y en avait 6 000 il y a 20 ans, 8 000 il y a 10 ans, et 10 708 en mars 2019. La plupart ont du pain sur la planche, surtout dans les grandes études, d’autres tirent la langue, doivent même fermer leur cabinet et chercher un autre emploi. Beaucoup, vu la tension du marché qui n’est pas extensible, cèdent à la tentation de prolonger le plus possible les procédures pour allonger les factures. Une économiste voit là un vrai problème de fonctionnement de l’économie. Clignotant rouge.



Marie Owsen Thomsen, économiste au titre pompeux (Global Head of Economic and Investment Research d’Indosuez Wealth Management), titulaire d’un doctorat en économie internationale l’IHEID de Genève, ne mâche pas ses mots quand elle parle de la Suisse. Elle estime que celle-ci «vit sur ses acquis» et au vu de sa situation financière plus que favorable, au vu de la facilité de s’endetter à long terme pratiquement sans coûts, la Confédération n’investit pas assez sur le futur. Elle note qu’en comparaison internationale, le nombre de femmes au travail est très faible, notamment en raison d’une politique défavorable pour les familles, des crèches trop rares et coûteuses. Mais dans son interview à l’Agefi (19/12/2019), elle lâche une remarque fort intéressante, sur un sujet moins débattu.
«J’aimerais quand même relever que dans le classement recensant la facilité de faire des affaires (Ease of Doing Business) de la Banque mondiale, la Suisse a perdu 14 places depuis 2010 pour se retrouver au 36ème rang. Dans certains domaines, il faut constater non seulement une stagnation, mais une vraie détérioration. Le temps nécessaire pour régler des différends contractuels, par exemple, a augmenté de 417 jours à 598 jours. Il faut faire une réforme structurelle pour améliorer cela.»
Qu’est-ce à dire? Dans leurs démêlés juridiques, les entreprises (les particuliers aussi!) ont affaire à des avocats qui font tout pour prolonger les procédures. Histoire de multiplier les factures. Tous les plaideurs ne sont pas mis à la même enseigne. Mais le fait est là: le juridisme frénétique, de procès en procès, de recours en recours, pèse lourd sur l’économie. Et sur les familles qui ont mis le doigt dans l’engrenage. Si l’on ajoute à cela une tendance du domaine politique à demander aux juges de trancher maints dilemmes, on fait de plus en plus sonner le tiroir-caisse des avocats.
Pas de souci cependant pour le conseiller d’Etat Pascal Broulis. Il aime poursuivre les journalistes devant les tribunaux. Mais c’est le gouvernement vaudois qui paie la note. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@willoft 30.12.2019 | 10h21

«Si les avocats peuvent faire durer les procédures, c'est que les juges le leur permettent.
Il y a une collaboration tacite entre eux qui n'est d'ailleurs pas admissible sur un plan éthique.

Personne ne remet en cause ce troisième pouvoir (électeur puissant s'il en est) et à l'heure où l'on se gausse d'intelligence artificielle, le dit troisième pouvoir fonctionne encore avec des procédures de 1848 !»


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