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Lu ailleurs / Le marché universitaire enrichit la République turque de Chypre du Nord


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Sur une population totale de 350 000 habitants, plus d'un tiers sont des étudiants. Et seulement 1 sur 7 d’entre eux est originaire de l'île elle-même. Selon une étude de la Banque mondiale, cela fait du système universitaire de la République turque de Chypre du Nord, un État non reconnu, le plus international au monde. Mais l'augmentation du nombre d'universités constitue surtout une grande affaire financière, révèle la NZZ.



© United States Central Intelligence Agency [Public domain]

Dans les prochaines années, les 20 universités déjà présentes dans le pays seront rejointes par 10 autres.

Pour ce pays qui dépend presque entièrement de la Turquie, les universités sont devenues le deuxième secteur le plus important de l'économie (766 millions de dollars en 2017, derrière le tourisme, avec 865 millions de dollars). Les entrepreneurs s'y intéressent de près, et la qualité peut parfois en pâtir.

Un reportage de la Neue Zürcher Zeitung fait le point sur les aspects positifs que l'on peut tirer de l'internationalisation d'un pays, mais relève aussi les aspects négatifs de sa «croissance à tout prix.»

Des aspects positifs pour les étudiants d'abord: la reconnaissance internationale des diplômes ne pose aucun problème; le coût des études en vue de l'obtention d'un doctorat se situe entre 4000 et 5000 euros, à quoi il faut ajouter les dépenses de vie courante pour un montant modéré; les médias y sont pluriels et indépendants et internet n'est pas censuré. Enfin, la société y est laïque et libérale, il est rare d'y voir une femme portant le voile. 

Une amère déception

Malgré cela, les étudiants venus du continent africain, qui voient le visa d'étudiant comme une porte d'entrée pour l'Europe, semblent être ceux qui souffrent le plus des inconvénients du système. Ils sont les plus nombreux: environ 25 000, dont beaucoup s'endettent pour faire le voyage et sombrent dans une spirale de délinquance. 

A cela s'ajoutent les préjugés dont sont victimes les Africains. Certains commerçants, de peur d'être cambriolés, posent des grilles devant leurs magasins. Selon l'écrivain nigérian Chigozie Obioma, qui a fait ses études puis enseigné dans le nord de Chypre, aujourd'hui encore, les femmes noires y sont considérées comme des prostituées.

Dans une enquête sur les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers dans la vie quotidienne dans la RTCN, le racisme subliminal est souvent cité, ainsi que les déficiences infrastructurelles telles que le manque de moyens de transport.

Pour le politologue Umut Bozkurt, de l'Université du Mediterráneo Oriental (UEM) dans la ville portuaire de Famagouste, le véritable problème réside dans la croissance incontrôlée de l'enseignement supérieur, que la plupart ne voit que comme un marché à exploiter.


L’article original de la NZZ ici

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Marges 04.11.2019 | 11h21

«Merci de ces infos qui démontrent bien l'argent a une odeur...»