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Culture / «La bataille d'Alger» comme si vous y étiez


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Après son passionnant «Contre-pouvoirs», dans lequel il suivait le quotidien de la rédaction d'El Watan lors de la campagne devant mener à l'ultime réélection en date du président impotent Bouteflika*, le documentariste Malek Bensmaïl revient cette année à Cinémas d'Afrique avec «La bataille d'Alger», un film dans l'Histoire. Et il s'agit à nouveau d'une oeuvre à ne pas manquer!



Dans son souci constant d'interroger le présent comme l'histoire de son pays, Malek Bensmaïl se penche cette fois sur le célèbre long métrage de Gillo Pontecorvo, La bataille d'Alger.

À l'aide d'innombrables images d'archives comme d'abondants témoignages récents, mais en revanche sans jamais montrer d'extraits tirés directement du film, le réalisateur retrace la longue et tortueuse genèse de cette oeuvre culte. De même, il la replace à la fois dans son contexte historique, tout en interrogeant les répercussions qu'elle a pu avoir tant sur l'imaginaire national qu'au-delà des frontières algériennes (Palestine, Amérique Latine, USA). C'est toutefois cette seconde partie du métrage, lorsqu'au bout de nonante-quatre minutes intenses le film s'envole jusqu'en Amérique pour aller interviewer un membre du Black Panther Party, un sociologue et un lieutenant colonel de l'armée US entre autres, qui s'avère la moins convaincante. Pas nécessairement en tant que telle, le sujet se révélant tout aussi passionnant que la manière dont le film de Pontecorvo a pu être réalisé ou ce qu'il a pu représenter historiquement, mais parce qu'elle crée une sorte de déséquilibre. D'autant plus après la dernière intervention de l'historien Daho Djerbal, qui aurait pu constituer une sorte de conclusion idéale: «C'est vrai que [La bataille d'Alger] c'est un moteur d'un début de décolonisation des esprits. Mais aussi c'est un début qui est un piège en même temps. Parce qu'on se regarde à travers le regard de l'autre, encore une fois. Et donc comment se débarrasser de l'autre qui nous regarde?»


Il aurait donc été préférable que cette deuxième partie, où il est question de l'influence que le film de Pontecorvo a exercé sur l'imaginaire des combattants en lutte comme sur l'évolution des méthodes de répression des services de contre-insurrection US, soit traitée à part et de manière plus exhaustive. Mais cela aurait été trop beau, sachant déjà la difficulté qu'il peut y avoir à financer ne serait-ce qu'un seul documentaire de la trempe de La bataille d'Alger, un film dans l'Histoire.

On se contentera donc de la forme imparfaite dans laquelle cette oeuvre nous est proposée, tant elle éclaire de manière captivante la façon dont les intérêts divergents des acteurs de l'époque (Yacef Saâdi, Gillo Pontecorvo et son scénariste Franco Solinas, Ahmed Ben Bella et Houari Boumédiène notamment) ont pu converger pour donner naissance à ce monument du septième art. Une grande fresque cinématographique, initialement éprise de vérité historique presque jusqu'à la maniaquerie, qui finira malgré tout, magie ou paradoxe du septième art, par transformer l'Histoire en mythe.

*Documentaire dans la lignée du cinéma de Frederick Wiseman, projeté à Lausanne en 2016.

Ne ratez donc pas, samedi 25 août à 16 heures, la projection de La bataille d'Alger, un film dans l'Histoire, au Casino de Montbenon. 


Regardez la bande annonce:


The Battle of Algiers, a film in history (Trailer 1) from Malek Bensmaïl on Vimeo.

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