Culture / Ali Baba revu et sublimé!
L'histoire d'Ali Baba ne date pas d'hier et a déjà été accommodée de mille et une manières. En opérette (1), en bande dessinée (2) et, hélas! serais-je assez tenté d'ajouter, en films aussi (3). Autant dire qu'il est nécessaire de posséder un indéniable talent pour parvenir à la rendre encore appréciable aujourd'hui. C'est pourtant ce à quoi parviennent aisément Robert Clerc (musique) et Domenico Carli (livret) avec leur propre version (4). Un pétillant opéra de tréteaux qui sera représenté dimanche 16 décembre à 17h00 à la salle de spectacles de Renens.
Spécialement conçue pour les plus jeunes, cette adaptation d'Ali Baba et les quarante voleurs allie à la fois une durée contenue, un souci de clarté (les différents personnages sont présentés à tour de rôle avant que l'action ne démarre réellement; le narrateur se permet d'interrompre le déroulement de l'action pour nous faire bénéficier d'apartés tout à la fois drôles et explicatifs) et une volonté de faire interagir le public. Résultat: il est impossible de s'ennuyer une minute. Surtout que le ton adopté pour narrer les mésaventures d'Ali Baba, de sa servante Morgiane et de cette bande de vilains brigands (qui volent, qui tuent, qui pillent et qui puent!) n'est pas seulement amusant. Il est aussi chamarré de quelques touches de critique sociale bienvenues et d'un peu de cruauté, en un cocktail digne de Tomi Ungerer (5).
Des ânes et des cruches: le grand théâtre du monde
Ainsi, outre cette saillie qui donne à réfléchir (et qui constitue justement l'un des apartés que nous offre le narrateur en cours de récit), on apprendra encore en détails la triste fin de Cassim, le cupide frère d'Ali Baba. Surpris à l'intérieur de la fabuleuse caverne par les sanguinaires voleurs, le riche marchand sera d'abord coupé en quatre morceaux et accroché au mur. Puis, les différentes pièces de sa dépouille ayant été récupérées en cachette par Ali Baba, il sera alors recousu par le meilleur cordonnier de la ville afin de pouvoir être dignement enterré au fond du jardin.
Cette évocation macabre, d'une cruauté tout enfantine, n'est pas sans rappeler l'ogre au couteau taché de sang du Géant de Zéralda (6) ou le clochard transportant un membre tranché à l'intérieur de son balluchon dans La grosse bête de Monsieur Racine (7). Deux des livres pour enfants signés par l'immense Tomi Ungerer(8).
Une époustouflante performance
Mais ce qui fait aussi le prix de cette adaptation, c'est son interprétation. Le narrateur (qui sera personnifié à Renens par Antoine Courvoisier) tantôt récite, chante, grimace ou gesticule avec entrain, se mettant corps et âme au service de la narration. Tandis que la musique, composée d'un habile mélange de rythmes moyen-orientaux, de musique andalouse et de jazz notamment, soutient tout au long l'histoire en train d'être racontée.
Le résultat se révèle ainsi vif et entraînant, plein de grâce et d'humour. Idéal à voir seul ou en famille!
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