Lu ailleurs / Comment Uber s’est débarrassé de son chef
Le New York Times raconte comment les financiers de l’entreprise de transport ont poussé Travis Kalanick vers la sortie. En le prenant par surprise.
Mardi 20 juin à 23h30, dans une chambre d’hôtel de Chicago, l’affaire est jouée. Travis Kalanick, le co-fondateur et président de Uber, vient de démissionner. L’épilogue de plusieurs mois de tensions extrêmes au sein de la start-up la plus dotée au monde (70 millards de dollars).
Le New York Times raconte le drame de l’intérieur, dans un superbe huis clos journalistique. Depuis des mois, le rugueux président de Uber était sous pression. Des employés, investisseurs et cadres de la firme californienne accusaient Travis Kalanick, 40 ans, de cultiver une culture d’entreprise malsaine et chaotique, où le harcèlement sexuel est commun. Les démissions se succédaient les unes aux autres, la pression médiatique augmentait, des financiers menaçaient de se retirer leurs billes.
Le 20 juin, Travis Kalanick est à Chicago. Il cherche à recruter de nouveaux dirigeants pour sa société de transports individuels, dont les algorithmes remettent en question le principe même des taxis automobiles dans plus de 70 pays, Suisse comprise. Il est sombre: sa mère est décédée il y a peu dans un accident de bateau. Soudain, Kalanick est prévenu de la visite surprise de deux des principaux investisseurs de Uber, Matt Cohler et Peter Fenton. Les deux financiers tendent à Kalanick une liste de demandes précises, dont sa démission. Le patron sanguin se défend, argumente pendant des heures, téléphone même à Arianna Huffington, fondatrice du Huffington Post et membre du conseil d’administration de Uber. Celle-ci se contente de dire à Kalanick de prendre en considération toutes les demandes de la lettre qu’il vient de recevoir.
En fin de soirée, le patron accepte enfin de démissionner. Une aventure de huit ans, symbole de la toute puissance technologique de la Silicon Valley, s’achève brutalement. Uber recherche maintenant un nouveau dirigeant propre à restaurer l’image de l’entreprise, entachée d’une réputation de brutalité et de sexisme. Travis Kalanick reste toutefois le plus gros actionnaire individuel de Uber et conserve un poste au conseil.
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