Média indocile – nouvelle formule

# 3 février 2023

semaine n°5

Actuel

Morin: «De guerre en guerre, de 1940 à l’Ukraine»

Jacques Pilet

Nous avions besoin de ce livre, concis et profond. Recommandable à quiconque se demande, sérieusement, ce que veut dire le mot guerre. Edgar Morin (101 ans) a vécu la débâcle de 1940, la Résistance, et fut attaché à l’Etat-major de l’armée française qui occupa l’Allemagne défaite. Il a suivi les guerres qui ont ensuite secoué l’Europe, de l’Algérie à la Yougoslavie. Et celle qui ravage l’Ukraine l’interroge.

Edgar Morin raconte sa réaction en traversant les villes détruites par les Alliés à la toute fin du conflit, alors qu’ils avaient déjà gagné. Se disant simplement: «C’est la guerre». La petite Pforzheim, 17’000 morts, où il fut en poste. La grande ville d’art, Dresde, 300’000 morts, sans parler des autres. «C’est bien plus tard – depuis l’invasion de l’Ukraine – que monta en moi la conscience de la barbarie des bombardements accomplis au nom de la civilisation contre la barbarie nazie.» L’Allemagne nazie a commis des crimes effroyables. L’URSS qui se saigna pour l’abattre fut coupable, là aussi, d’atrocités. Mais comment ne pas penser à «l’anéantissement aveugle de centaines de milliers de civils par les aviations alliées»? Réponse sobre: «Il a fallu que des années, des décennies s’écoulent pour qu’il devienne clair que si juste que fut la résistance au nazisme, la guerre du Bien comporta du Mal en elle.» Suivent ensuite quelques courts chapitres éclairants. Sur l’hystérie de guerre, «faite de la haine de l’ennemi et de sa totale criminalisation», telle qu’elle apparut en 1914-1918. Sur les mensonges de guerre. Le plus sordide, celui de Staline, qui attribua aux nazis le massacre des officiers polonais à Katyn, perpétré en fait par les Soviétiques. Il y en eut, jusqu’à aujourd’hui, tant d’autres. L’espionnite, la chasse aux traîtres avérés ou supposés. La criminalisation globale du peuple ennemi, de sa langue, de sa culture. En philosophe et historien, Morin démonte aussi le mécanisme de la radicalisation de la guerre. Lire la suite...


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