Culture / «Il a cherché, cherché, cherché…»
«Je dessine et je m’obstine», Albert-Edgard Yersin, Les Cahiers Dessinés, 208 pages.
Ce lumineux ouvrage s’ouvre par un souvenir personnel de l’éditeur des Cahiers Dessinés, Frédéric Pajak. Il a 15 ans et il effectue un stage dans l’Atelier de taille-douce de Saint-Prex. «Entre autres artistes, il y avait là Albert-Edgard Yersin. (…) Sa gueule d’acteur américain m’impressionnait, avec ses longs sourcils en broussaille, son regard bleu, son rire sonore.» Cinquante ans plus tard, alors que Yersin (1905-1984) est surtout connu pour ses gravures, voilà que Pajak édite ses dessins. Chacun s’y connectera comme il peut, le faire n’est pas anodin, ce peut être un basculement. Pajak: «Yersin a toujours dessiné, dès sa jeunesse et jusqu’à son dernier souffle. Il a cherché, cherché, cherché, se méfiant de ce qu’il trouvait pour chercher encore.» Y a-t-il une meilleur définition de l’art? Une meilleure définition de le vie? Pajak encore: «Se dégageait de cet homme une force étonnante, au service d’une vision toute personnelle qui le conduisait à restituer le chaos originel, non sans en dévoiler, autant dans son bouillonnement que dans son mystère, l’ordre caché dont il avait la clé. Yersin était un homme doué d’émerveillement…» Alors qu’aujourd’hui nous sommes encouragés à avoir peur de tout, voilà qui met en joie.
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