Média indocile – nouvelle formule

# 23 juin 2023

semaine n°25

Actuel

La vraie histoire d’un accord de paix sabordé

Jacques Pilet

L’Ukraine et la Russie étaient-elles vraiment à bout touchant d’un accord aussitôt après le début de la guerre? Nous le mentionnions dans un précédent article. Depuis lors, Poutine a évoqué cet épisode devant les chefs d’Etat africains qui lui rendaient visite après un passage à Kiev. Cet épisode historique ne doit pas rester balayé. Même si aujourd’hui, la donne s’est encore tragiquement assombrie, même s’il n’est pas question de pourparlers. Pour le moment.

Aussitôt après le début de l’invasion russe commencée le 24 février 2022, les deux belligérants mesurèrent l’abîme qui s’ouvrait devant eux. Les Ukrainiens entrevoyaient le désastre et les Russes mesuraient leur erreur: contrairement à leur attente le pays agressé se dressait face à eux avec une vigueur inattendue. Les uns et les autres cherchèrent à arrêter la machine de guerre avant qu’elle ne s’emballe. Une première rencontre officielle se tint entre leurs représentants en Biélorussie. Puis le président turc Erdoğan les invita à Istanbul. Pour la petite histoire… La délégation ukrainienne chercha à consulter un ami de Poutine pour évaluer les chances de cette rencontre: Gerhard Schröder. Ils entrèrent en contact avec lui par l’intermédiaire de Marc Walder, CEO de Ringier, à Zurich! L’ex-chancelier allemand nous a raconté, l’été passé, les discussions qu’il eut alors avec les négociateurs des deux camps. Il se rendit aussi en Turquie. Les pourparlers se tinrent les 10 et 29 mars à Istanbul et Antalya. Plusieurs points d’accord furent trouvés. Les Russes devaient se retirer, l’Ukraine devenir un Etat neutre, avec une armée – dont les effectifs devaient encore être définis –, les provinces séparatistes de l’est devaient accéder à un statut d’autonomie comparable à celui de la Catalogne ou de l’Ecosse. La Crimée? Les Ukrainiens proposèrent d’y tenir un référendum sur son appartenance… dans un délai de quinze ans! Cet accord sur «la neutralité et la sécurité de l’Ukraine» devait être supervisé et garanti par plusieurs puissances européennes. Et la Russie. Ce qui passait mal, il est vrai. Un premier papier fut signé par les deux parties. Lire la suite...


Le dessin de la semaine

« La grève des femmes divise »

Un dessin Valott

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