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Culture / Les combats d’une vie de romancier


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Luc Lang, « Le récit du combat », Editions Stock, 2023, 350 pages.



Ses romans ne sont pas faciles d’accès. Pourtant, quand on s’y plonge, on se retrouve un univers bâti par un style sec, élégant, précis. J’attendais de retrouver ce cher Luc Lang après avoir été édifié par son roman La tentation (2019), prix Médicis, qui m’avait offert ma première expérience de western en littérature. Il revient, toujours avec une violence maîtrisée, en offrant à ses lecteurs Le récit du combat (2023). Son écriture habituellement sobre laisse place, cette fois, à une sobriété ouverte sur un certain lyrisme. En témoignent les premières pages du récit où l’auteur revient sur une scène de plage lors de son enfance. Il y découvre, sous le soleil chaud au bord d’une eau fraîche, le corps musclé et puissant de celui qui devient peu à peu son père, le judoka Robert. On se croit face à la sensualité de Noces (1936) d’Albert Camus. Ne parvenant jamais à se faire l’héritier de la pratique du judo de son beau-père, le jeune Luc embrassera néanmoins les arts martiaux par le karaté, qu’il pratique encore aujourd’hui. Dans ce roman, il replonge dans sa vie sans faire de l’ouvrage un témoignage. Il tient à ce que son récit reste un roman, bien que le terreau en demeure ses combats. Les combats de la vie d’un romancier, d’un karatéka, d’un homme qui connut maintes chutes, dont il réussit toujours à se relever, nous invitant à nous nourrir de la même force. Entre deux enseignements sur l’histoire fascinante des arts martiaux japonais, Luc Lang ne peut s’empêcher de faire le point sur les combats de sa création. Qu’a-t-il fait de sa vie ? Et nous, que faisons-nous de la nôtre ? Le combat est ouvert. « Faire œuvre ? La question pourrait se poser en des termes moins grandiloquents. Lorsqu’un matin, peu avant l’aube, sans doute échappé d’un cauchemar, je me réveille en sursaut, déjà dressé dans le lit tel un mort surgi du tombeau, avec cette phrase interrogative aux lèvres qui me vrille le cerveau : Qu’as-tu fait de ta vie ? »

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